Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le lycée Jacques-Brel a organisé, du 8 au 12 mars, une semaine spéciale de mobilisation avec et pour les élèves.
"Est-ce que vous connaissez la différence entre sexe et genre ?" Normalement réservée aux cours d’histoire-géographie, la salle 110 du lycée Jacques-Brel résonne de questions inhabituelles ce jeudi 11 mars. « Le sexe, c’est la biologie, le genre, c’est le statut », répond Rayan du tac au tac aux intervenant-e-s de l’association Des cris des villes – qui s’emploie à mettre en lumière toutes les formes de domination dans l’espace public et à lutter contre elles – venus animer un atelier auprès d’une classe de première.
Après un temps de définition des notions clés, comme « sexisme » ou « discrimination », les jeunes participent à une forme de débat intitulée « débat mouvant ». Elles et ils se positionnent physiquement en fonction de leur avis sur les affirmations « La ville est aussi faite pour les femmes » et « Peu importe son orientation sexuelle, chacun-e peut montrer de l’affection dans l’espace public sans être inquiété » avant de donner des arguments pour convaincre les membres de l’autre « camp ».
Le même jour, dans l’amphithéâtre du lycée, d’autres élèves de première assistent à un spectacle interactif de théâtre-forum autour de la vie affective et sexuelle proposée par la compagnie Synergies Théâtre. Comment changer le cours des choses pour le personnage de Nadia, victime d’une relation d’emprise, et pour le personnage de Ben, confronté au rejet mais aussi à la fétichisation, une fois son homosexualité révélée ? À l’issue de la première représentation, les jeunes échangent avec les comédien-ne- s puis sont invités à monter sur scène pour rejouer des séquences selon leur réponse. « Ton rôle, c’est d’accepter qui je suis et de me soutenir ! » lance alors la lycéenne Eden, dans la peau de Ben, au personnage de la mère accablée par l’orientation sexuelle de son fils.
Une démarche qui va prendre de l’ampleur
Ces initiatives s’inscrivent dans la programmation très riche organisée par plusieurs membres de la communauté éducative à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Atelier d’initiation au codage HTML pour sensibiliser les filles aux métiers du numérique, concours et exposition d’affiches féministes réalisées par des élèves, projection-débat autour du documentaire sur des femmes noires afrodescendantes, Ouvrir la voix, d’Amandine Gay… « On travaille sur le sexisme et les violences et discriminations de genre depuis longtemps, mais c’est la première fois qu’on propose une semaine spéciale consacrée à ces questions, explique la professeure documentaliste chargée du projet Léa Aurenty. C’est une action qu’on veut reconduire et amplifier. » Au-delà de ce temps fort, les enseignant-e-s et la direction comptent ainsi construire un authentique programme d’éducation à la vie affective et sexuelle sur les trois niveaux et placer l’égalité filles-garçons au cœur du projet d’établissement.
Texte : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours