Le Centre municipal de santé sur tous les fronts

Depuis l’ouverture du centre de vaccination en janvier, la structure se démultiplie pour permettre à tou-te-s de se faire soigner. Reportage lors d’une matinée chargée, comme toutes les autres, mardi 6 avril.

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8h22. Quelques minutes avant l’ouverture, sept personnes patientent déjà devant le CMS. Parmi elles se trouve Christiane, une Courneuvienne de 76 ans, venue faire sa seconde injection de vaccin antiCovid. « J’ai pris rendez-vous par téléphone, c’est bien fait. C’est impossible pour moi d’utiliser Doctolib : à partir d’un certain âge, on peut être mal à l’aise avec un ordinateur ou ne pas en avoir, comme moi ! » En plus de ce système de réservation téléphonique (au standard ou sur la ligne dédiée*), l’équipe du centre contacte les personnes fragiles de la ville pour leur proposer un créneau de vaccination, à partir de sa propre liste et de celles fournies par les professionnel-le-s de santé libéraux. Ces « mesures correctrices », comme les appelle le directeur Julien Le Breton, permettent de compenser les inégalités face à Internet, et donc face à la vaccination, liées à la prise de rendez-vous en ligne.

8h37. Distribution de gel hydroalcoolique et de masques chirurgicaux et prise de température : dans l’entrée, Farid Bezez applique un protocole sanitaire strict avec les patient-e-s avant de répondre à leurs questions ou de les diriger en fonction de leur demande. « C’est mon premier jour », précise le responsable de l’Espace jeunesse Edgar-Quinet (fermé durant ce troisième confinement), qui intervient comme une dizaine d’autres agent-e-s municipaux en renfort sur des missions d’accueil, d’information et d’orientation. Une fois arrivés, les candidat-e-s au vaccin doivent s’enregistrer, tandis que celles et ceux qui ont déjà reçu une première injection peuvent monter directement au premier étage, réservé à la vaccination.

Le Centre municipal de santé a déjà réalisé 3 500 premières injections

9h42. Au premier étage justement, Jeannette, 85 ans, avance tout doucement vers le bureau où elle doit recevoir sa seconde injection, en s’appuyant sur le bras de son ami Jean-Yves. « Je l’accompagne parce qu’elle a du mal à marcher, on vient de Roissy, explique-t-il. J’ai hâte de me faire vacciner aussi : ce n’est pas une piqûre qui doit nous faire peur, ça nous permettra de revivre comme avant ! » Après l’injection, faite par un infirmier-ère ou un docteur-e, les patient-e-s restent dans la salle d’attente pendant quinze minutes au cas où des effets indésirables précoces surviendraient. « On n’a observé aucun choc anaphylactique ni aucune allergie, seulement quelques cas d’augmentations de tension », indique Julien Le Breton. À quelques mètres, dans le bureau n° 18, Dominique Foutrel prépare avec minutie des seringues de vaccin Moderna et Pfizer-BioNTech, en reconstituant le vaccin à partir d’une dose prélevée dans un flacon multidoses et de sérum physiologique. Depuis février, l’infirmière libérale basée boulevard Pasteur prend sur ses jours de repos pour prêter main-forte au CMS. « C’est agréable de changer de rythme et de travailler en équipe, ce n’est pas un gros effort, insiste-t-elle. Et il faut que les choses avancent. » Entre l’accueil, les consultations prévaccinales, la préparation et l’administration des vaccins et le travail administratif, la vaccination mobilise en permanence une dizaine de personnes. Tributaire du nombre de doses reçues, le centre a déjà réalisé 3 500 premières injections.

10h17. Au troisième étage, pendant qu’un patient reçoit des soins dans une pièce voisine, la responsable du service dentaire Patricia Jouin s’apprête à préparer les plannings de la semaine. Un casse-tête. « On est en réduction d’effectifs vu que certains praticiens sont en autorisation spéciale d’absence, mais on fonctionne normalement. » Cette continuité des soins passe par de nombreux aménagements en matière d’organisation, en allongeant par exemple la durée des consultations pour aérer les pièces, mais aussi par une surcharge de travail. « On fait des heures supplémentaires, glisse le directeur du CMS, mais on a fait ce choix de tout maintenir en concertation avec l’équipe et avec la direction générale des services. »

Le standard du CMS reçoit jusqu'à 1000 appels par jour

11h20. « Centre municipal de santé de La Courneuve, bonjour. » Dans une pièce du rez-de-chaussée, les appels, jusqu’à mille par jour, s’enchaînent pour les cinq agent-e-s affectés à l’accueil téléphonique. Au bout du fil : des personnes qui cherchent un rendez-vous de vaccination, mais pas seulement. « On n’a pas d’ophtalmologue ici, mais je peux vous donner le numéro du centre ophtalmologique du Globe à Stains », répond ainsi Loucif Bahouche, du service Éducation, à une dame qui souffre d’un problème à l’œil droit.

11h53. Au rez-de-chaussée toujours, Adama attend d’être appelée pour le test Covid de son fils Youssou, scolarisé à l’école Joliot-Curie. « Il y a un cas positif dans sa classe, alors on vient vérifier s’il a attrapé le virus. » En plus de la vaccination et des soins habituels, le centre propose toujours du dépistage et reçoit à ce titre entre vingt et trente personnes par jour, prioritairement des cas contacts, comme Youssou, ou des patient-e-s symptomatiques. Au CMS, c’est le choix de la santé pour tout-e-s qui est fait.

*Standard : 01 49 92 60 60 et ligne « spéciale » vaccination : 07 78 55 59 86.