La ville aux herbes sauvages

Publiée le 29 avr. 2021

La ville aux herbes sauvages

desherbage

L’unité Cadre de vie de Plaine Commune a organisé une journée d’action spécial désherbage de l’espace public le mercredi 21 avril au matin. Pour cette première opération de ce type de l’année, les agent-e-s des services Espaces verts et Propreté ont travaillé ensemble en équipes mixtes, mettant en commun leurs moyens mécanisés.

À la fraîche. Christian Ramos, res-ponsable de la régie Propreté, et Philippe Garnier, technicien espaces verts, nous accueillent rue Anatole-France dans le quartier des Quatre-Routes. Ce mercredi 21 avril, une opération conjointe de désherbage y est menée par la Propreté et les Espaces verts. La même matinée, six autres équipes mixtes sont déployées dans tous les quartiers de la ville, mobilisant près de cinquante agent-e-s. C’est la première action de l’année dans son genre. Sur la commune, l’initiative se renouvellera toutes les quatre à six semaines en fonction des conditions météorologiques : en période un peu sèche, les herbes poussent peu mais la conjonction de la pluie et de la chaleur peut vite les faire jaillir à foison.

Dès 8 heures se met en place dans la rue un ballet humain et mécanique. Maniée par un jardinier, la débroussailleuse fauche l’herbe. Puis, avec respectivement deux cantonnier-ère-s aux commandes, le souffleur la rejette vers les caniveaux et la balayeuse intervient ensuite pour aspirer ce qui a été rassemblé. « Chacun sait ce qu’il a à faire ! » se félicite Christian Ramos, qui explique que l’apparente fluidité de l’opération est permise par toute une préparation en amont. Il s’agit non pas de supprimer l’herbe mais de la couper à bonne hauteur dans les fosses au pied des arbres, ainsi que près des bordures de défense, des barrières, des potelets et autres armoires. Les rejets des arbres sont traités au sécateur par un jardinier. C’est un chantier mobile et la circulation n’a pas été coupée.

Service organisé en régie publique


Cette journée de désherbage mobilise des équipes spécialement dédiées à cela (de même qu’avant chaque grande lessive), mais « en parallèle, un établissement ou service d’aide par le travail (ESAT) fait intervenir des travailleurs handicapés qui agissent trois jours sur cinq pour désherber les rues », complète Christian Ramos. Certains agent-e-s sont habillés de gilets fluorescents, d’autres protégés contre les projections d’herbes et de crottes de chiens que produit le fauchage par le fil de la débroussailleuse. Philippe Garnier fait remarquer au passage « la présence de trois femmes dans l’équipe, une évolution récente dans le métier ».


Le service ainsi rendu est organisé en régie publique et n’est donc pas concédé à un prestataire privé. «Il n’y a plus beaucoup de villes qui le font. Nous, on a encore maintenu ce savoir-faire », note Christian Ramos. De même, à La Courneuve, les équipes disposent de leur propre atelier de réparation pour tous les matériels dédiés aux espaces verts, ce qui n’est pas le cas dans toutes les villes et ce qui permet de prolonger la durée de vie des engins. « Mais des véhicules sont aussi loués car les camions ne sont pas assez nombreux pour le type d’opérations d’aujourd’hui », tempère-t-il.

Philippe Garnier, jetant un regard en arrière sur le début de la rue Anatole- France aux pieds d’arbres impeccables, nous prend à témoin : « Vous voyez : après la balayeuse, la rue est propre et normalement les riverains sont contents ! » En revanche, il déplore les dégradations liées au stationnement des véhicules qui heurtent les arbres et les déchets sauvages dans les fosses. « En plus des pratiques d’entretien, la vision de l’espace public et l’acceptation de la flore spontanée doivent encore évoluer », conclut le technicien. Afin de réconcilier la ville et la nature.

Textes : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours

desherbage

Le phyto, c'est fini !

Comme l’explique Philippe Garnier, technicien espaces verts de Plaine Commune, « aucun produit phytosanitaire n’est plus utilisé dans les espaces publics depuis la loi Labbé de 2017 ». En cause : le danger sanitaire pour la population et pour les agent-e-s, ainsi que celui des résidus qui gagnent les sols et les nappes phréatiques. Le traitement est donc devenu mécanique (fauchage). Le fait que l’herbe soit ainsi coupée et non détruite par des produits chimiques permet d’éviter les fosses toutes noires et donc d’améliorer l’esthétique en offrant un petit tapis de fraîcheur de trois ou quatre centimètres. « Mais nous recevons parfois des critiques sur la présence de mauvaises herbes. La population doit mieux accepter les herbes spontanées, la végétation est aussi un abri pour les insectes pollinisateurs. Mais cela exige beaucoup plus de travail qu’avant : un passage en phyto et un rattrapage en septembre suffisaient, quand trois à quatre interventions dans l’année sont maintenant nécessaires, et avec plus de moyens ».