Temples de la lecture, les médiathèques de Plaine Commune sont aussi des lieux de loisirs, d’apprentissage, de culture et de lien social, où chacun-e trouve ce qui lui convient.
Il y a les habitué-e-s, comme Soundouss, 12 ans, qui fréquente la médiathèque John-Lennon au moins deux fois par semaine. « J’aime trop cet endroit ! Il n’y pas grand-chose à faire à la maison, alors je viens beaucoup. » Et il y a les visiteur-euse-s occasionnels, comme Othmane, qui s’est installé au rez-de-chaussée d’Aimé-Césaire baigné de lumière d’automne pour savourer un moment de « tranquillité ». Il y a celles et ceux qui viennent surtout pour les livres, comme Wahiba. « Je suis tombée amoureuse de la littérature jeunesse française pendant mes études pour devenir professeure des écoles, je prends des ouvrages pour mon fils, pour mes élèves et pour moi ! » Et il y a celles et ceux intéressés par les actions de médiation et de formation, comme Raymond, qui a réservé un ordinateur dans l’espace numérique d’Aimé-Césaire et fronce les sourcils devant « le site internet de la Caisse d’allocations familiales ». Il y a la ville et la vie dans les médiathèques, où les agent-e-s de Plaine Commune et les intervenant-e-s s’emploient à faire vivre un service public de proximité et de qualité. Retour sur une semaine d’activités à John-Lennon et à Aimé-Césaire, marquée par la programmation spéciale « Peur et frissons » proposée chaque année lors des vacances de la Toussaint.
Un atelier créatif le 26 octobre à John-Lennon
Parler de la mort avec des enfants et adolescent-e-s autour d’un atelier d’origami, c’est le drôle de pari que réussit l’artiste Qilé Wang de l’association Artefact93. « J’ai conçu cet atelier pendant le confinement, je trouvais terrible que plein de gens meurent seuls », explique-t-elle. Avant de se lancer avec les participant-e-s dans la confection de minuscules vêtements en papier, elle raconte la fête des morts en Chine ainsi que dans d’autres cultures et souligne l’importance d’entretenir la mémoire des défunt-e-s. Progressivement, certains jeunes se mettent eux aussi à poser des mots sur la mort et à convoquer des souvenirs, comme celui de ce grand-père qui « allait donner du pain aux pigeons chaque matin ».
Un atelier numérique le 26 octobre à Aimé-Césaire
Virus, cyberattaques, arnaques en ligne, cyberharcèlement et désinformation sont au programme de l’atelier thématique « Faut-il avoir peur d’Internet ? » animé par Pierrick Longatte, responsable numérique de la médiathèque. « C’est une question qui revient souvent lorsqu’on fait des cafés ou des ateliers numériques. » Rassurant, il rappelle les règles de base et de bon sens à respecter, comme la mise à jour de son système d’exploitation pour protéger ses données personnelles. « Il ne faut pas avoir peur, il faut mieux connaître. »
Une projection-échange sur les films d’horreur le 27 octobre à John-Lennon
« S’il n’y a pas de sang, ce n’est pas un film d’horreur ! » Dans la salle d’animation, David est catégorique. « Est-ce que tu en es sûr ? » sourit la médiathécaire Sarah Hemmich. Avec une collègue, elle propose à plusieurs jeunes de visionner des bandes-annonces pour leur présenter ce genre cinématographique et ses différentes catégories. Côté parodies, la bande-annonce de Scary Movie remplit sa mission en suscitant gloussements et éclats de rire. « Il est sur Netflix ? » demande une adolescente.
Une partie de jeu de société le 27 octobre à Aimé-Césaire
La coopération, ce n’est pas trop le truc d’Abdourahmane, tenté de sacrifier ses partenaires dans le jeu pourtant coopératif Zombicide. Le principe ? « On doit tuer des zombies et trouver un endroit où survivre à l’apocalypse », explique Ilyana. Sous la houlette de deux médiathécaires, Abdourahmane, Ilyana et quatre autres jeunes vont ainsi se procurer des armes et du matériel, gagner des points d’expérience et se battre contre des morts-vivants. Un moment ludique, mais aussi une occasion d’apprendre à suivre des règles et à faire société.
Un spectacle de contes le 28 octobre à Aimé-Césaire
Il était une fois Peik la malice, la vache Dondon, la petite bonne femme… Avec des mots, bien sûr, mais aussi avec des gestes et avec des bruits, le conteur Philippe Imbert offre un spectacle plein de fantaisie à la quarantaine d’enfants, de mamans et d’animateur-trice-s de centres de loisirs réunis dans l’auditorium. Cette séance, qui s’inscrit dans le cadre du festival de contes annuel « Histoires communes », fait le bonheur d’Ismaïl, un élève de CM2 mordu d’histoire. « Il y a plein de références ! Le méchant roi, il est comme Louis XVI en gros ! »
Un atelier de conversation en langue française le 29 octobre à Aimé-Césaire
Faire du français en dehors des cours, c’est le but des ateliers proposés tous les quinze jours. Ce jour-là, les participantes parlent du chiffon cake « très léger et pas trop sucré » que l’une d’entre elles, Binh, a apporté ; elles apprennent à se présenter et à remplir une fiche de renseignements en français ; elles évoquent le rapport aux aîné-e-s dans leur pays d’origine ; elles se penchent sur les différences entre le mariage et le Pacs… La conversation évolue au gré des envies et des questions. « On veut qu’elles n’aient plus peur de parler, qu’elles dépassent le blocage qu’on peut avoir face à une langue étrangère, insiste Yacine Tamaloust, l’un des deux médiathécaires chargés d’animer l’atelier. L’important, c’est de se faire comprendre, peu importe qu’on fasse des erreurs ! » L’important pour Binh, Naima et les autres, c’est aussi de partager un moment « toutes ensemble ».
Texte : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours