Depuis septembre, les enseignant-e-s doivent faire face aux changements concernant la pratique sportive, liés aux mesures sanitaires. Focus sur l’école Henri-Wallon.
Confinement, couvre-feu, respect des gestes barrières, déconfinement, désinfection du matériel, fermeture des gymnases et des piscines, retour à la normale… Depuis la rentrée de septembre, les enseignant-e-s de l’école élémentaire Henri- Wallon jonglent du mieux qu’ils et elles peuvent avec les mesures sanitaires en perpétuelle évolution pour continuer à offrir à leurs élèves des temps de pratique sportive.
« Tant qu’on pouvait utiliser le préau, j’ai fait badminton, puis quand on n’a plus eu le droit, j’ai utilisé la cour pour faire du sprint et de la course longue, ce qui permettait aussi d’éviter les contacts entre les enfants, résume Olivier Devaux, enseignant de CM2. À partir du 20 mars, nous avons récupéré un créneau au gymnase pour la pratique du futsal mais le 6 avril, l’école a fermé. Le maître mot de tout ça, c’est “adaptation”. »
Comme ses collègues, le professeur des écoles sait que ses élèves sont restés enfermés de longues semaines à cause des confinements, que les clubs sportifs fonctionnent par intermittence ou ont dû mettre la clé sous la porte. « C’est important dans ce contexte que l’école puisse offrir des activités sportives à des enfants qui ne pourront pas pratiquer par ailleurs », affirme-t-il.
La cour d’école remplace le grand bain
Lundi 29 mars, le bassin de la piscine Béatrice-Hess résonne de rires d’enfants et des instructions des maîtres- nageurs : « Allez Fatima ! Dis-toi : “je vais y arriver !” J’y crois, moi ! » Les vingt et un élèves de CM2 de Thomas Labbey nagent la tête dans l’eau, sur le dos, sur le ventre, font le moulin avec les bras. « C’est la première fois depuis très longtemps que les enfants retournent à la piscine, se réjouit le maître. L’année dernière, nous n’avons pas pu y aller et cette année, elle est fermée depuis le deuxième confinement, depuis la rentrée des vacances de la Toussaint. »
Dans ce contexte, la cour, pourtant « mordante à chaque chute, blessante même », est devenue le terrain de sport par excellence. Elle permet ce que le préau n’autorise plus. Thomas Labbey en a en fait trois petits terrains, de hockey, de basket et de foot. Romain Canetta, enseignant en CM1, y a proposé en hiver les activités qu’il prévoyait d’organiser au printemps. Faute de gymnase, il a été contraint de mettre en suspens le handball et la danse.
« Quand les élèves ont pratiqué la course longue et la course de vitesse, j’ai réalisé un tracé de cent mètres, raconte-t-il. Comme je travaillais en même temps sur les mesures de durée et de longueur, nous avons combiné sport et mathématiques en calculant les distances parcourues par rapport au nombre de tours de cour. Évidemment, c’était plus âpre pour les élèves d’être dehors par grand froid ! »
Optimisme et inventivité
Pour optimiser l’utilisation de la cour, un tableau a été mis en place avec des créneaux, afin que plusieurs classes puissent s’y retrouver en même temps. Elle a même servi de terrain de thèque, un jeu d’origine viking qui a donné le mot « take » (attraper) en anglais, et qui ressemble étrangement au base-ball.
En novembre, alors que les nouvelles règles liées au confinement interdisaient la pratique sportive sous le préau, Thomas Labbey et Olivier Devaux ont décidé de préparer leurs élèves à la classe de neige, même si le séjour prévu dans les Alpes était alors menacé d’annulation. « Nous avons organisé cinq randonnées le jeudi matin au parc Georges-Valbon, confirme Thomas Labbey. On a commencé par faire 5-6 kilomètres de marche, on a fini à 12. Ça a permis de préparer les enfants physiquement mais aussi de découvrir plein d’endroits du parc qu’ils ne connaissaient pas, voire de découvrir le parc tout court, pour celles et ceux qui ne sortent pas beaucoup de chez eux. » Leur optimisme s’est avéré payant : les élèves ont finalement pu partir au Carroz-d’Arâches, en Haute-Savoie.
Le 31 mars, le président de la République a annoncé la fermeture des écoles élémentaires du pays, mettant à nouveau au goût du jour le travail à distance pour les professeur-e-s et les élèves, et… la fin de la pratique sportive. Jusqu’au retour des vacances de printemps ?
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photos : Léa Desjours