Elles ont relevé le défi de l’Oxfam Trailwalker, organisé à Dieppe les 3 et 4 juillet. Cent kilomètres de marche en moins de trente heures. Et elles ont réussi, portant haut, très haut, le flambeau et les valeurs de Propul’C et de La Courneuve.
Parmi les 1 230 marcheurs et marcheuses au départ de l’Oxfam Trailwalker, samedi 3 juillet, à 8h30, sur la plage de Dieppe, Latifa, Farah, Abouharia, Alexandra, Fouzia, Yasmina, Leïla, Hayate, Ratiba, Olivia, Nadia et Murielle, membres de l’association courneuvienne Propul’C, équipes 335, 336 et 337, attaquent leurs premières foulées.
Le Petit Caux, Saint-Aubin-le-Cauf, Longueville-sur-Scie… Partout sur leur passage, elles déclenchent rires et sourires. C’est qu’elles ont un truc. Elles repèrent qu’un marcheur s’appelle Xavier ? Les voilà qui se mettent à chanter : « Et pour Xavier, allez, allez… Et pour Xavier, allez, allez… » Le maire de Dieppe, Nicolas Langlois, passe à leurs côtés ? « Et pour Nico, allez, allez… » Et cela n’est rien comparé à ce que leur arrivée provoque aux postes de contrôle (PC) où elles se ravitaillent et où les attendent les plus fervents supporters et supportrices du trail. Dès que les filles sont en vue, ils et elles improvisent batucada et charivari à coups de tambours, caisse claire, sifflets et mégaphone. Aussitôt, les filles se lancent dans une « choré » improvisée : kilomètre 16, 29, 43… elles dansent leur joie de l’étape franchie, coude à coude, portées par la même énergie.
Elles ont aussi marché pour les quartiers populaires
Si, de jour, le parcours offre à voir les joyaux du pays de Caux, de nuit, la situation se gâte. La pluie et le brouillard rendent la marche difficile, les chemins boueux sont glissants. De nombreux participant-e-s renoncent ; malaises, blessures, épuisement : la Protection civile intervient sans discontinuer. Les Courneuviennes passent le kilomètre 60, puis 70, puis 80, mais les pauses se font plus longues. Au dernier PC, Nadia Chahboune, la présidente de Propul’C, est soucieuse. Il reste douze kilomètres à parcourir, les plus durs, avec un sérieux dénivelé sur la falaise. Oxfam annonce trois heures et demie d’effort. Il est 11h15, les filles doivent impérativement arriver avant 14h30. « Nous ne sommes pas venues ici pour faire le trail en plus de trente heures, lance Nadia. Allez, on y va ! »
Et là, l’incroyable se produit. Elles se mettent à courir, à dévaler les pentes pour rattraper le temps perdu. Pascal Lebris, qui les a rejointes pour les soutenir, court lui aussi. Et à 13h30 tapantes, totalement épuisées, c’est en pleurant, en dansant et en scandant « Propul’C, Propul’C, La Courneuve, La Courneuve ! » que les douze franchissent la ligne d’arrivée. « Elles ont réussi ! s’exclame le commentateur. Elles ont marché durant vingt-neuf heures pour lutter contre la pauvreté, et aussi, elles le revendiquent, pour les quartiers populaires… »
Gilles Poux, le maire, était au départ des filles, il est à l’arrivée. Il ne cache ni sa joie ni sa fierté : « Extraordinaires, murmure-t-il, ravi. Vous êtes extraordinaires… » Pour rien au monde, on ne le contredirait.
Texte : Joëlle Cuvilliez