Adrien Sautron, licencié au mythique Derek Boxing de la ville, cultive depuis des années la passion de la boxe thaïe. Il a de ce fait récolté les fruits de ses entraînements intensifs, une moisson de succès.
Si l’exercice consistait à définir Adrien Sautron en un mot, ce serait, à n’en pas douter, finesse. Celle de son regard direct, celle de ses réponses affutées, qui fusent, sans hésitation. Adrien Sautron respire la maîtrise de soi, la tranquillité. À seulement 19 ans, le boxeur décline un palmarès impressionnant : champion d’Île-de-France 2019, six fois champion de France, vainqueur du Golden Fight, l’un des plus grands galas de boxe thaïe en France, champion de France universitaire 2020 avec le titre de meilleur technicien, toutes catégories confondues… Le plus beau moment de sa carrière reste celui où il a battu Massine Kejat, champion du monde, lors d’un tournoi international. «Le combat a duré trois rounds », se souvient-il, les yeux pétillants de bonheur rétrospectif.
Il faut préciser qu’en dépit de son jeune âge, Adrien Sautron a un long passé de boxeur derrière lui. Il n’avait que 9 ans lorsque la boxe l’a happé. Mais pourquoi la boxe ? La réponse tombe comme une évidence : « La boxe, c’est une histoire de famille. Mon père m’en a donné le goût, mon grand-frère est un modèle. Ma sœur aussi la pratique. » S’il commence par la française, c’est la thaïe qui très vite emporte ses faveurs. « L’art des huit membres », le sport de combat pieds-poings le séduit. « La boxe thaïe oblige à travailler la force, la puissance, la rapidité, la précision, la souplesse, résume Adrien Sautron. La difficulté, ce n’est jamais pendant le match, c’est avant, à l’entraînement. Quand je monte sur le ring, je suis heureux. »
Il passe rapidement sur le fait que coups de coude et de genou sont autorisés, sur la particularité qui consiste à se battre pieds nus, sur la durée des combats, cinq rounds au maximum, de trois minutes chacun. Sa définition tient en quelques mots. « La boxe thaïe, c’est le courage, l’humilité et le respect, de soi, des règles et de l’adversaire. »
Si la discipline est exigeante, il s’en accommode, passion oblige, accepte l’hygiène de vie impeccable, la rigueur alimentaire et les entraînements intensifs, pour entretenir sa condition physique bien sûr, mais aussi pour muscler son mental. Il en est convaincu, chacun-e peut trouver sa place sur le ring. Car « quand on veut, on peut, et quand on peut, on doit. » Adrien sait encaisser les coups et proposer des formules choc.
« Avoir envie de réaliser un rêve, c’est le talent. Tout le reste, c’est de la sueur. »
Pour s’entraîner, il a choisi le Derek Boxing depuis des années. Pour sa réputation. Le club, les Courneuvien-ne-s le savent, collectionne des dizaines de titres mondiaux et européens. Il a trouvé là des entraîneurs compétents et la fraternité. Pour quelqu’un qui a l’esprit de famille, l’idéal, en quelque sorte.
Une ombre au tableau, cependant, l’arrivée de la pandémie, plus violente que tous les coups reçus. Impossible de s’entraîner dans les conditions habituelles, clubs fermés, distanciation obligatoire, combats reportés. Impossible aussi de compenser le vide par l’investissement dans ses études : Adrien Sautron est en Staps, sciences et techniques des activités physiques et sportives, et ce qu’il subit comme boxeur, il le subit aussi comme futur professeur de sport.
Alors, depuis quinze mois, il s’accroche, continue à garder la forme et le punch malgré les restrictions sanitaires. Les mois de juillet et d’août à venir ne seront pas consacrés au farniente mais à la reprise espérée de la saison prochaine. Tout l’été, il va s’y préparer. Sur le plus long terme, il espère qu’un jour, la discipline sera olympique. Les négociations sont en cours. Il est confiant.
Et le talent dans tout ça ? Il renvoie à la phrase qui figure en exergue de son compte Instagram. « Avoir envie de réaliser un rêve, c’est le talent. Tout le reste, c’est de la sueur. »
Le talent d’Adrien trouve sa source en Thaïlande. Et l’envie qu’il aurait serait de s’y rendre. Pour combattre dans le pays qui a donné naissance à la discipline de ses rêves.
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours