Formé à l’AS La Courneuve, Abdourahmane Diakhité a été repéré pour intégrer le Football Club de Sochaux. Il y suivra deux années de formation avec, à la clé, l’espoir de devenir joueur professionnel.
Il avait neuf ans et demi quand il a commencé à courir de toutes ses forces sur la pelouse du stade Géo-André, l’oeil sur le ballon rond, l’oreille à l’écoute des conseils de ses entraîneurs de l’AS La Courneuve, qu’il venait d’intégrer. « J’ai adoré », lâche-t-il, lapidaire. Dans la discussion comme sur le terrain, Abdourahmane va droit au but. Le temps passe, pas sa passion. En dehors des heures de classe, quand il ne s’entraîne pas, ce qui est rare, on le trouve à la bibliothèque ou au service Jeunesse. « C’est grâce à lui que j’ai pu découvrir le tir à l’arc, grâce au service des Sports que j’ai fait du cheval pendant les vacances scolaires », affirme-t-il, reconnaissant.
Abdourahmane Diakhité va passer six saisons au club de La Courneuve. Il grimpe de la catégorie U10 à la catégorie U15, puis va jouer pendant un an au niveau régional à la JA Drancy. Il rejoint en 2019 le FC Montfermeil et intègre l’équipe nationale U17 (des joueurs de moins de 17 ans). Mais le club est très éloigné de son domicile. Il revient alors à Drancy pour effectuer la saison 2020-2021, entre en même temps dans le groupe U19 national (la plus haute division chez les jeunes de moins de 19 ans). Les compétitions sont brusquement suspendues en raison de la situation sanitaire. Mais Abdourahmane a une devise : « Si tu ne lâches pas, ton jour de chance arrivera…»
Il m’a dit : « Tu es pris.” J’étais heureux. Grave content. Je n’y croyais pas. »
Effectivement, sa détermination paie : il est repéré lors d’un match. « Il y a eu un test à Nanterre le 12 juin 2021, précise-t-il. Mon entraîneur m’a appelé trois jours après. Il m’a dit : “Tu es pris.” J’étais heureux. Grave content. Je n’y croyais pas. »
Il signe alors un contrat de stagiaire professionnel de deux ans avec le club du FC Sochaux, doit partir très vite pour le rejoindre et intégrer l’équipe qui participe durant la saison 2021-2022 au championnat de France de National 3. Les débuts sont encourageants : « On a fait match nul contre Dijon ASPT et Pontarlier, on a gagné contre Nancy et Torcy, perdu contre le Paris FC. »
Mais sa formation ne s’arrête pas à l’exercice de son futur métier. Le club de Sochaux assure aussi le suivi des études. « Je suis en terminale cette année ; le matin, j’ai deux heures de cours, puis un entraînement de 10h à midi ; l’après-midi, à nouveau deux heures de cours et, à 15h30, un nouvel entraînement ou des soins, confirme-til. On joue le dimanche. C’est un peu dur, mais on s’habitue. »
La capacité d’adaptation, la loyauté, la générosité, ces qualités qu’il apprécie chez ses ami-e-s, il les possède aussi. Il a surtout pour moteur une motivation sans faille et l’exemple des grands joueurs qui sont passés par le club de Sochaux : Joël Bats, le gardien le plus « capé » (le plus sélectionné en équipe nationale) de l’histoire des Bleus, qui jouera cinquante fois avec le maillot de l’équipe de France ; Maryan Wisniewski, le plus jeune joueur à avoir évolué en équipe de France ; Marcus Thuram, l’un des deux fils de Lilian Thuram…
« Mon meilleur souvenir, à l’école Paul-Langevin, ça a été la classe de neige aux Carroz d’Arâches. »
Il ne s’en cache pas, la nostalgie de La Courneuve est là, Danton, le quartier où il a grandi, les copains, les années de scolarité. « Mon meilleur souvenir, à l’école Langevin, ça a été la classe de neige aux Carroz d’Arâches, raconte-t-il. J’ai appris à skier là-bas. Au collège Jean-Vilar, ce que je préférais, c’était le sport, mais j’aimais aussi l’histoire. Avec le lycée Jacques-Brel, on a passé une journée entière à Trilbardou, il faisait beau, c’était le début de l’année, on y a fait plein d’activités… » Du haut de ses dix-huit ans, il déclare qu’il préfère la ville à la campagne, avoue deux chiffres fétiches en tant que joueur, le 8 et le 10, reconnaît que le bleu est sa couleur préférée et souligne que ce qu’il déteste le plus, ce sont les gens qui disent du mal des autres. Quand il évoque son passé tout proche, ses pensées se tournent tout naturellement vers ses quatre frères et ses deux soeurs « qui me disent de continuer comme ça », vers son père et sa mère, « mes héros dans la vie réelle ». Sans mesurer qu’il est lui aussi, dans le temps du présent, l’un des héros de la vie réelle à La Courneuve.
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Christian Lemontey / FC Sochaux