Douze adhérentes de l’association Propul’C, inscrites au super-trail de Dieppe, se sont lancé le défi de réaliser à pied La Courneuve-Trilbardou (77), Trilbardou-La Courneuve en deux jours. Un exploit, accompli le week-end dernier.
Elles ont laissé les soucis à la maison, ont emporté de l’eau, de la nourriture, de délicieuses boulettes au miel pour rebooster l’énergie et une bonne humeur à faire tomber à la renverse tous les Tristus du monde. Il est 8 heures, samedi 22 mai. Le vent est de la partie. Après un échauffement devant le gymnase Béatrice-Hess et un salut joyeux à Catherine, Habiba et Cali, leurs supportrices, toutes s’apprêtent à battre leur propre record de marche, sous la houlette de Nadia Chahboune, présidente de Propul’C, à l’origine de ce défi hors pair.
Une performance sportive pour une cause humanitaire
Si c’était un film, on pourrait l’appeler Week-end choc pour douze 100 K. 100 k pour les 100 km qu’elles réaliseront les 3 et 4 juillet prochains entre le littoral et la campagne normande, au départ de Dieppe (76), répondant ainsi au défi sportif et solidaire de l’ONG Oxfam : réaliser un super-trail par équipes de quatre en moins de trente heures. Une marche de jour et de nuit donc, sans relais, mais soutenues par des supportrices mobilisées pour la bonne cause. À elles douze, elles forment trois des 395 équipes inscrites et ont quasiment fini de collecter les 1 500 euros de dons destinés aux actions contre la pauvreté dans le monde que mène Oxfam, condition imposée à chaque équipe pour avoir le droit de s’inscrire. « Participer à une cause contre la pauvreté et réaliser un exploit sportif, c’était pour nous ! » résume Nadia Chahboune.
La route, c’est sûr, elles la tiennent, Latifa, Farah, Abouharia, Alexandra, Fouzia, Yasmina, Leïla, Hayate, Ratiba, Olivia, Nadia et Murielle qu’accompagnent à l’aller Virginie, Rahma, une autre Nadia et… l’équipe de Regards. Les marcheuses rattrapent en riant le canal de l’Ourcq au niveau du chantier de la ligne 16 du métro, rejoignent La Villette à Paris, puis enchaînent : Pantin, Bobigny, Noisy-le-Sec, Pavillon-sous-Bois, Aulnay-sous-Bois, Sevran (avec une pause-déjeuner au parc de la Poudrerie), Villepinte, Tremblay-en-France, Villeparisis, Gressy, Messy, Claye-Souilly, Fresnes-sur-Marne, Charmentray. Et, enfin, Trilbardou.
Premier exploit.
Chrono : 46 km en 9 heures et 4 minutes.
Deuxième exploit.
Parties à douze groupées, soudées, unies, solidaires. Arrivées à douze solidaires, unies, soudées, groupées.
Troisième exploit.
Esprit positif et émulation
Exploits rendus possibles grâce à une organisation minutieuse. Deux femmes, en tête du groupe, imposent l’allure, deux autres ferment la marche : impossible dans ces conditions de se retrouver à des kilomètres à l’arrière du peloton. De toute façon, le règlement de la course l’impose : les participantes au trail partent en équipe et doivent franchir la ligne d’arrivée en équipe.
L’allure est strictement réglementée. Pendant une heure et demie, elles parcourent 1 kilomètre en 12 minutes (soit 5 km/ h), l’heure et demie suivante est réalisée au rythme de 1 km en 11 minutes (soit 5,5 km/h) et la suivante au rythme de 1 km en 10 minutes (soit 6 km/h). Et elles recommencent : allure 1, allure 2, allure 3…
Exploits rendus possibles aussi grâce à un état d’esprit, bienveillant et positif. « Dans la troupe, y a pas de jambe de bois », dit la chanson. Il n’y a pas de jugement de valeur non plus. Bien au contraire, les unes et les autres s’encouragent, se soutiennent.
L’arrivée à Trilbardou est un triomphe. Sur le pont qui enjambe le canal devant le château, les supportrices sont là et acclament les marcheuses. Elles ont préparé des boissons chaudes, un goûter. Yasmina propose une séance de yoga pour étirer les muscles endoloris. Chacune panse ses plaies.
La nuit sera courte, sous tente, et le retour, comme prévu, plus long que l’aller. Mais le moral reste au beau fixe. « Nous sommes dans les conditions des 100 km, se réjouit Nadia Chahboune. L’épreuve a permis de voir jusqu’où on pouvait pousser. Je suis fière d’elles. » Dans moins de cinq semaines maintenant, elles porteront à Dieppe avec enthousiasme les couleurs de la ville et l’idée qu’avec Propul’C, tout est possible. Mesdames, total respect.
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photos : Jeanne Frank