À La Courneuve, la municipalité a décidé de permettre aux grandes sections de maternelle, aux CP et aux CM2 de reprendre le chemin de l’école. Regards s’est rendu dans deux établissements afin de voir comment la reprise se passe.
Lundi 18 mai, école maternelle Angela-Davis, 8h00. Muriel et son équipe finissent le nettoyage de l’établissement. Sols, poignées de porte, sanitaires, matériels et jeux dans les classes… Tout est scrupuleusement désinfecté avant l’arrivée des élèves de grande section. Les services de la Ville ont par ailleurs effectué un gros travail en amont de la réouverture pour assurer la sécurité des enfants. À 8h20, Martine Socroun, directrice de l’école, masquée, se frotte les mains au gel hydroalcoolique juste avant d’ouvrir les portes. Enthousiaste, elle salue les enfants et leur prend systématiquement la température avant l’entrée dans les locaux. Les parents, eux, restent à l’extérieur. L’accueil a duré moins de dix minutes. Seuls sept enfants, sur 170 en temps normal, sont présents. « C’est un de plus que vendredi ! se réjouit la directrice. Peu d’élèves sont revenus. C’est comme ça depuis la reprise. Il y a une grande appréhension de la part des familles. Les journées sont très calmes. » À peine les manteaux ôtés, les enfants se dirigent un à un aux toilettes du rez de-chaussée pour se laver les mains. Savon obligatoire ! Une fois le petit groupe reconstitué et fin prêt à commencer la journée, il monte en classe, accompagné de Jennifer, l’enseignante. « Installez-vous à vos tables ! », dit-elle, masquée elle aussi, comme tous les adultes. Stéphania, Mithran, Jonas, Trishika, sa sœur Rakshana, Airushkumar et Harishan prennent place. Les élèves disposent chacun-e d’un bureau individuel avec leur nom inscrit dessus et un « kit de travail » attitré pour la journée. « De cette manière, les manipulations de matériel par plusieurs enfants sont évitées », souligne la maîtresse. Avec une classe de sept, le calme règne. Le travail peut commencer. Au programme ce matin : les jours de la semaine, la date du jour, un petit jeu de vocabulaire et de mémoire autour des animaux, un peu de calcul, de la peinture... Bref, une matinée d’exercices presque normale, « à part qu’il faut s’adapter aux enfants, à leur niveau, explique l’enseignante. Ce ne sont pas mes élèves habituels. Mais ça fonctionne bien jusque-là. » L’après-midi, c’est Floriane, une autre institutrice de l’équipe, qui a pris le relai.
L’avantage avec peu d’élèves, c’est de pouvoir fournir un accompagnement quasi individualisé
Du côté de l’école élémentaire Charlie-Chaplin, très peu d’enfants sont venus également. Ils sont six ce lundi. Mohamed et Sam, les professeurs des CP, emmènent les élèves dans la cour. Sur le chemin, tout le monde se lave les mains. Un robinet sur deux est condamné afin de respecter la distanciation physique. Une fois à l’extérieur, il est impossible de jouer au ballon ou aux cerceaux mais les enfants sont libres de courir et de se défouler tout en gardant un minimum de distance entre eux. Sofia, Lija, Nofraelle et leurs camarades sont ravie-s d’être revenu-e-s à l’école. « Ici, je travaille mieux qu’à la maison », confie Kavina. « Par contre, je n’ai pas retrouvé mes copines de d’habitude. C’est un peu dommage ça », remarque Hanaiya. « La reprise a rendu service aux familles qui devaient reprendre le travail, note Saïd Argaz, directeur de l’établissement. L’avantage avec peu d’élèves, c’est de pouvoir fournir un accompagnement quasi individualisé pour chaque enfant. Les mesures sanitaires sont également simples à mettre en place. Pareil au réfectoire. Je n’ai que trois enfants qui y déjeunent ! Chacun-e a son espace. » Pour la sécurité de tous et toutes, de nombreux distributeurs de gel hydroalcoolique ont été installés un peu partout dans l’école. Un marquage au sol permet de respecter une distance d’un mètre entre les personnes. Tous les adultes portent un masque, qu’ils et elles changent au cours de la journée. Le matériel est individuel et les cartables restent à l’école. Les salles sont désinfectées et aérées régulièrement. Le protocole sanitaire est parfaitement respecté. C’est bel et bien une « reprise progressive, sécurisée et maîtrisée ».
Texte : Isabelle Meurisse ; photos : Léa Desjours