Depuis la rentrée 2020, La Courneuve a trois nouveaux principaux de collèges : Anne Bartholus, nommée à Jean-Vilar, Pierre Perinetti, à Raymond-Poincaré, et Arnaud Trappiez, à Georges-Politzer. Elle-ils ont confié leurs premières impressions à Regards.
Pierre Perinetti
Entré dans la vie professionnelle comme ouvrier du livre, il passe le concours d’instituteur en 1989, celui du concours interne de professeur des écoles en 2006, celui des personnels de direction en 2010. Il a réalisé l’essentiel de sa carrière à Argenteuil et Bezons en éducation prioritaire comme instituteur, puis directeur d’école maternelle et d’école élémentaire. Il vient du collège Clervoy de Franconville (95).
Poincaré est un bon collège, les élèves sont agréables, même si nous n’avons pas forcément les mêmes codes. Il y a un besoin, un désir d’école. On a une équipe d’enseignants stables et impliqués, partants pour des projets transversaux. Beaucoup sont là depuis au moins cinq ans. On a même des profs qui ont été élèves ici. Certains ont été profs de profs. On va essayer de monter des partenariats avec les associations ; notre voisin d’en face est le Secours populaire, je suis sûr que nous avons des choses à faire ensemble. On aimerait développer rapidement plus de liaisons avec le lycée. Je suis ravi d’être ici. J’ai le sentiment que le territoire courneuvien a été très maltraité dans le passé. J’ai beaucoup travaillé en REP mais je n’ai jamais vu un tel turnover d’élèves : soixante ou soixante-dix élèves sont déjà arrivés ou partis depuis la rentrée pour cause d’emménagement ou de déménagement. L’une des difficultés de cette année, c’est de travailler masqué. Il faut apprendre à reconnaître les élèves avec les yeux. Pour établir une connivence, c’est compliqué !
Anne Bartholus
Ouvrière à 20 ans avec le bac en poche, elle reprend des études de lettres à 27 ans, devient professeure de français-latin à 30, décroche le concours de professeur-documentaliste à 33, puis passe celui des personnels de direction. Cheffe d’établissement depuis neuf ans, elle arrive d’un collège de Moselle inscrit dans le dispositif de lutte contre les effets de la grande pauvreté à l’école. Jean-Vilar est son quatrième poste.
J’ai destiné toute ma carrière à travailler avec les enfants plutôt dans la difficulté, à lutter contre le décrochage scolaire. Ma volonté de carrière était de venir en Seine-Saint-Denis ou dans les quartiers nord de Marseille. Mes premières impressions sont très positives, je suis rassurée par le choix que j’ai fait. J’aime la multiplicité culturelle. Je suis très touchée par ce que je découvre dans cet établissement et, surtout, par les enfants. Ils sont à l’écoute, en demande, cherchent des réponses. Les équipes ont fait un énorme travail. On sent la confiance, les professeurs sont très disponibles, le dialogue existe. Les parents d’élèves élus sont ouverts, ils veulent faire des choses pour les enfants de la communauté, pas que pour leurs propres enfants. Des associations viennent se présenter, en demande d’échange. Ici, on est très entourés, il y a une présence forte de la Ville et du Département. J’ai vu concrètement le travail de la mairie avec le Programme de réussite éducative, le PRE. J’arrive à un moment où beaucoup de choses changent et je le sens !
Arnaud Trappiez
Il a commencé sa carrière comme professeur de lettres en 2002 au collège Pablo-Neruda d’Aulnay-sous-Bois, collège aujourd’hui classé REP+, où il est resté huit ans. Muté à Bordeaux, il a demandé à retourner en Seine-Saint-Denis. Devenu chef d’établissement en 2015, il a été affecté en tant que principal adjoint au collège Louise-Michel de Clichy-sous-Bois durant cinq ans.
J’ai demandé ma mutation à La Courneuve, parce que, comme Clichy-sous-Bois, la ville est labellisée « Cité éducative ». Ensuite, quand je travaillais à Aulnay, je prenais le RER B et je voyais les effets de la rénovation urbaine : ça m’intéresse. Et puis mon père a travaillé dans une entreprise courneuvienne et, quand j’étais petit, j’y allais de temps en temps avec lui. Politzer est très agréable avec cet espace vert de transition entre l’extérieur et l’intérieur. Les élèves sont super. Ils connaissent les règles. Les professeurs, quant à eux, sont attachés à l’établisse-ment. La situation sanitaire rend les choses compli-quées concernant les projets. Toutes les classes de cinquième ont en principe un atelier cirque en partenariat avec la Maison des jonglages. Les intervenants peuvent venir au collège mais les voyages scolaires ne pourront pas se faire cette année. C’est pourtant un de nos objectifs : faire en sorte que les élèves découvrent le territoire, profitent de la cité éducative et, en même temps, qu’ils puissent en sortir, qu’ils s’ouvrent à d’autres horizons.
Propos recueillis par Joëlle Cuvilliez ; photos : Léa Desjours