Sébastien Longin, le directeur général de Plaine Commune Habitat (PCH), décrit les mesures mises en place par l’office HLM pour accompagner les locataires qui rencontrent des difficultés de paiement. L’office continue de fonctionner malgré le confinement.
Quelle est la situation des locataires de Plaine Commune Habitat dans cette période ?
Nous avons de très fortes craintes pour nos locataires. Certains ne devraient pas être affectés, comme les retraités qui voient leur retraite maintenue ou les locataires qui tirent leurs revenus uniquement des prestations sociales. Mais une part des locataires va connaître une chute de revenus potentiellement très forte, comme les salariés qui vont se retrouver en chômage partiel, les indépendants ou encore les personnes qui travaillaient pour des particuliers.
Quelles sont les mesures prises par PCH quand les locataires peinent à régler leur loyer ?
Nous avons mis en place une cellule spécifique Appui Solidarité Locataires, joignable par tous nos locataires au numéro qu’ils connaissent habituellement, à savoir celui de l’agence dont ils relèvent. Au sein de cette cellule, nous mobilisons des gestionnaires locatifs et des travailleurs sociaux. Si la situation le requiert, nous sommes en mesure de procéder à des reports partiels, voire totaux, de loyers, avec un échéancier sur les prochains mois. Nous faisons très attention à adapter la mensualité aux revenus de la famille, avec des échéanciers entre trois et dix mois à peu près.
Comment voyez-vous l’avenir à plus long terme ?
Je suis très inquiet car la baisse de revenus se fera sentir sur mars et aussi sur avril. Ensuite, nous subirons les contrecoups sociaux de la crise économique. Il faudra alors une réponse de la solidarité nationale. C’est pourquoi le président de PCH, Laurent Russier, a écrit au Premier ministre pour demander un fonds de soutien exceptionnel pour les locataires, du privé comme du public. Toute une série de mesures sont prises pour aider les acteurs économiques, mais les citoyens aussi font face à des difficultés.
Propos recueillis par Nicolas Liébault ; photo : Pierre Le Tulzo / Plaine Commune
Saisissez dès à présent la cellule Appui Solidarité Locataires pour faire face aux difficultés financières qui découlent de la baisse de revenus pour beaucoup des locataires, cellule joignable au numéro de votre agence Plaine Commune Habitat.
Les services de Plaine Commune Habitat qui continuent de fonctionner
- Propreté et salubrité : PCH a maintenu toutes les prestations qui concernent le ménage dans les halls et le traitement des ordures ménagères.
- Entretien technique courant et interventions en urgence : Si vous avez un robinet qui commence à vieillir, PCH n’interviendra pas. En revanche, en cas de fuite d’eau, il interviendra.
- Ascenseurs : Les dépannages se poursuivent.
- Comptabilité : Les factures continuent à être traitées par PCH, notamment celles des petites PME, afin de ne pas les mettre en difficulté.
- Quittancement : Le service est maintenu, même si de la souplesse envers les locataires est prévue (voir interview).
- Fiches de paie des salariés.
- Standard : Il n’y a plus de contact direct, tant dans les loges de gardiens que dans les agences locales où PCH ne reçoit plus de locataires. Mais les agences restent joignables avec un taux de décroché de 95 %.
Les attributions de logements pendant le confinement
Les habitant-e-s peuvent continuer à formuler et renouveler leurs demandes de logement, mais ceux-celles qui ne peuvent renouveler leur demande ne seront pas pénalisés dans ce cas. En revanche, le processus d’attribution comprend des étapes qui s’opèrent en interface directe : visiter un logement, surtout quand il est encore occupé, met en danger l’occupant comme le visiteur. Le processus d’attribution est donc remis en cause sur ce point. Idem pour l’état des lieux, entrant ou sortant, et la signature du bail. Mais PCH continue de traiter les dossiers qui déboucheront par la suite. Dans des cas vraiment urgents, il se réserve la possibilité de procéder à quelques attributions exceptionnelles. Deux situations sont traitées au cas par cas. Les personnes qui devaient quitter leur logement mais dont l’appartement d’arrivée n’est pas disponible (ou qui ne peuvent pas déménager) restent dans leur logement. Et les personnes qui ont signé le bail juste avant le confinement et ne peuvent pas déménager restent elles aussi dans leur logement.
La Confédération nationale du logement se mobilise
Pour éviter d’augmenter les risques de précarisation d’une grande partie de la population, la Confédération nationale du logement (CNL) demande un moratoire des loyers ou tout du moins une souplesse dans le versement, à travers l’étalement ou le report des échéances, et aussi la création d’un fonds d’indemnisation des habitant-e-s, alimenté par les amendes infligées pour non-respect des règles du confinement et par une taxation spécifique des plateformes de commerce en ligne et grands groupes qui voient leur chiffre d’affaires exploser avec la crise sanitaire actuelle.