Linda Tamimount est directrice de l’école maternelle Paul-Doumer et orthopédagogue. Elle est Courneuvienne depuis toujours. Après avoir fréquenté le collège Raymond-Poincaré et le lycée Jacques-Brel, elle a été animatrice, puis éducatrice sportive à l’École municipale d’éducation physique et sportive (EMEPS) pendant dix ans. Les enfants de La Courneuve, elle les connaît bien, elle leur est très attachée. En 1998, après une licence d’histoire et deux ans d’IUFM, elle est devenue professeure des écoles. Dans ses vœux, elle n’a demandé que La Courneuve. Cette ville, elle l’aime. C’est sa famille. Depuis vingt-deux ans dans l’Éducation nationale et quatre ans à la tête de l’association AGIR (Aider et guider pour initier la réussite)*, elle met tout son cœur et ses compétences pour aider les élèves à réussir. Chapeau !
"Partir d’ici ? Pourquoi ferais-je une chose pareille ? » demande-t-elle en riant. « Cette ville m’a donné toutes mes chances. J’ai encore plein de choses à y réaliser. Et les gens qui y vivent m’ont toujours fait confiance ! » Lors de ses premières années en tant qu’institutrice à Anatole-France, Linda Tamimount voit rapidement que les élèves en grande difficulté sont nombreux. « Il fallait que je trouve un moyen de les aider... » Elle se forme alors à la pédagogie de la gestion mentale du théoricien Antoine De La Garanderie, précurseur des sciences cognitives. L'objectif ? « Offrir aux gamins les moyens de leur réussite. Leur permettre de comprendre comment ils fonctionnent. Identifier leurs forces et leurs faiblesses. Ainsi, ils retrouvent confiance en eux et redonnent du sens à leur projet scolaire. »
"Pour redonner du sens à la scolarité, il faut impliquer les élèves, leurs parents et les enseignants"
Autour de 2001, Linda intervient dans des stages d’efficacité personnelle payants, à Paris. « Il y a six ans, sur douze élèves, la moitié venait du 93. La preuve que les parents, même issus de milieux modestes, sont prêts à donner une chance à leurs gamins. Ça m’a rendue triste de constater que rien de ce genre n’était proposé près de chez eux. Pourquoi fallait-il que les Courneuviens aillent à Paris ? Pourquoi dépenser une fortune pour la réussite des enfants ? » Après tous ces questionnements, il fallait trouver des solutions. C’est ainsi que l’association AGIR est née. « Il n’y a pas d’élève bête. Il faut juste se connaître et avoir deux ou trois clés qui permettent de le faire. Le bon élève est celui qui réussit naturellement bien. C’est celui qui a l’intuition et qui mettra en œuvre les bonnes stratégies de travail. L’élève en difficulté, c’est celui qui ne sait pas. Il va tâtonner. Certains vont tâtonner et réussir. D’autres se casser la figure. Au fil du temps, plus on progresse dans la scolarité, plus les difficultés s’accumulent. Et on va vers le décrochage. Avec l’association, on veut enrayer ça. »
AGIR mène trois actions principales : des stages d’efficacité personnelle pour les élèves, des formations de parents et des formations en orthopédagogie pour les enseignant-e-s de la maternelle au lycée. « Il faut impérativement travailler main dans la main avec ces acteurs-là. Tout le monde a son rôle à jouer. Les gens qui participent aux formations sont ravis. Alors qu’au départ certaines personnes, comme les enseignants chevronnés, se demandent ce que je vais leur apprendre de plus sur la pédagogie, ils repartent satisfaits, avec plein d’outils concrets pour accompagner leurs élèves ou leurs enfants. Je suis bien placée pour savoir que dans la formation initiale des enseignants, nous n’apprenons pas comment fonctionne le cerveau, quelles sont les causes des blocages, etc.
L’orthopédagogie permet aux profs d’avoir un autre regard sur l’élève. Ils réadaptent leur façon de penser. » Linda Tamimount collabore avec l’Éducation nationale bien sûr, mais également avec le tissu associatif courneuvien (ASAD notamment), le Programme de réussite éducative (PRE), les familles, les Maisons pour tous, et les centres sociaux d’ici et des communes voisines. Ce travail passionné lui a valu son intégration au dispositif Les Cités éducatives, dont la ville a obtenu le label. En 2020- 2021, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Des solutions, il y en a. Il faut juste rassembler des forces vives. »
Texte : Isabelle Meurisse ; photo : Léa Desjours