Les deux premières semaines de juillet et les deux dernières d'août, les écoles élémentaires Langevin-Wallon, Robespierre-Vallès et Anatole-France accueillent en matinée les enfants souhaitant revoir les leçons de l'année. Au programme : français, mathématiques et lecture. L'après-midi, pour ceux qui le souhaitent, les centres de loisirs proposent des activités.
Vendredi 10 juillet, à Langevin-Wallon, plus de 250 élèves issus de sept écoles de la ville participent aux Vacances apprenantes (voir ci-dessous). L'équipe de Regards s'est glissée dans la classe d'Olivier Devaux, l'enseignant des CM2. Ils sont treize aujourd'hui. L'ambiance est studieuse, mais décontractée. Aujourd'hui, les enfants travaillent l'implicite en français. "Qu'est ce que c'est ? Que signifie implicite? " demande le maître. "C'est ce qui n'est pas dit clairement", répond Marwan, assez fier de lui. "Ok, parfait," souligne l'enseignant. Donc si je vous dis : Arrivé sur le boulevard, il aperçut dans la clarté matinale cette tour d'acier, cette dame de fer dressée il y a plus d'un siècle, dominant ainsi le Champ de Mars. Pouvez-vous me dire où se trouve le personnage ?" Les élèves se creusent la tête pour savoir qui est cette "dame de fer" ou "ce Champ de Mars". On entend quelques réponses insolites : "Le champ de Mars c'est sur la lune !" assure un élève. "Mais non, c'est sur Mars," rétorque un autre. Après quelques minutes de brainstorming, Paris et sa Tour Eiffel sont finalement identifiées. Olivier Devaux, enseignant toute l'année à Langevin-Wallon, s'est porté volontaire pour faire classe pendant la première quinzaine de juillet. "On travaille en groupe restreint. C'est assez appréciable. Je me retrouve en plus avec dix de mes élèves habituels. Pour les enfants, c'est un bon moyen de consolider certaines bases, surtout avant leur entrée en 6e. Cette année a été très particulière pour eux. Pour les parents, c'est une bonne chose également. Ils sont rassurés. Certains, à cause de cette crise sanitaire, ne partent pas en vacances ou ne peuvent financièrement pas proposer des activités à leurs enfants. Alors, plutôt que de les laisser oisifs, ils les envoient en classe." Depuis début juillet, tout se passe très bien dans cette école. A Langevin-Wallon, vingt classes sont ouvertes. C'est l'établissement qui accueille le plus d'enfants à La Courneuve. Romain Canetta, l'enseignant référent, explique que le protocole sanitaire en place depuis le 14 mai est toujours d'actualité. "Il y a un accès aux étages, avec une entrée d'un côté pour monter et une entrée de l'autre pour sortir. Les récréations sont échelonnées. Afin qu'il y ait le moins de croisement possible." A midi, les équipes des centres de loisirs prennent le relais sur le temps de restauration et les activités ludiques de l'après-midi. Pendant les vacances apprenantes, on travaille le matin et on se détend l'après-midi. Après tout, c'est quand même les vacances !
Textes : Isabelle Meurisse ; photos : Léa Desjours
Hafsa, 10 ans
"C'est mon école, mais d'habitude j'ai un autre maître ! Mais ce n'est pas grave, Olivier est très gentil. C'est drôle de se retrouver beaucoup moins nombreux que pendant le reste de l'année. Je me suis inscrite aux vacances apprenantes, car à cause du Covid, j'ai peur d'avoir du retard l'année prochaine. Je rentre en 6e ! En petit groupe, on travaille autant que d'habitude, mais mieux. Le maître peut suivre chacun des élèves. Il a plus de temps à nous accorder."
Thigane, 11 ans
"C'est la première fois que j'ai classe pendant les vacances de juillet. Au début, l'idée d'aller à l'école pendant les vacances n'était pas très marrante. Mais je rentre en 6e en septembre et à cause du virus, j'ai oublié des choses. Même si on a travaillé pendant le confinement, je suis sûr d'avoir oublié des choses. Ces deux semaines m'apportent beaucoup, j'en suis sûr. Et même si je suis certain d'avoir quand même du retard à la rentrée, j'ai moins peur de l'entrée au collège."
Focus sur les Vacances apprenantes
Des « Écoles ouvertes » pour 400 000 enfants du primaire, du collège et des lycées ! Le dispositif gouvernemental propose du renforcement scolaire le matin et des activités collectives (artistiques, sportives, culturelles…) l’après-midi dans les établissements. C'est entièrement gratuit.
Doté de 200 millions d'euros, ce plan tente de répondre à deux objectifs principaux :
- Un objectif pédagogique : en luttant contre les retards qui ont pu s’accumuler pendant la période de confinement et les risques de décrochage ;
- Un objectif social : en permettant aux enfants de vivre des moments enrichissants pendant leur été.
Les enjeux :
- Proposer en matinée des activités visant à renforcer les compétences scolaires des élèves, notamment dans l'acquisition des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter et respecter autrui ;
- Proposer l'après-midi des activités culturelles, sportives et de découverte de la nature, en lien avec les enjeux contemporains climatiques et de biodiversité ;
- Offrir des temps d'actions collectives partagées pour renouer des liens sociaux ;
- Intensifier l'articulation avec les associations complémentaires de l'école, les partenaires jeunesse et sport, les centres de loisirs, mini-séjours et colonies de vacances pour donner une ambition collective à cette période de l'été ;
- Renforcer le lien avec les familles, qui a pu être affecté pendant la crise. Pour les familles inquiètes du niveau scolaire de leur enfant après cette période, École ouverte doit aussi être l'occasion de les rassurer et de les accompagner dans le suivi du projet scolaire de leur enfant.
