Malgré un quotidien bouleversé par la crise sanitaire et le confinement, les médecins de la ville se sont efforcés de maintenir la continuité des soins et le lien avec les patient-e-s.
Soigner et rassurer. Pendant les premières semaines du confinement, la docteur Cécilia Pascal a dû passer beaucoup de temps à gérer de l’anxiété et de la panique. « Il ne s’agissait pas forcément des personnes montrant des symptômes du coronavirus, mais de personnes isolées vivant très mal le confinement et de personnes très stressées à l’idée d’attraper le virus », raconte la médecin généraliste, installée boulevard Pasteur.
Contrairement à de nombreux confrères-consœurs, Cécilia Pascal n’a pas du tout enregistré une chute d’activité depuis le 17 mars. La désertion des cabinets de médecine générale, évaluée à 40 % en moyenne par l'Assurance maladie, fait craindre des retards de prise en charge et une absence de suivi aux effets catastrophiques pour les malades chroniques et les patient-e-s les plus fragiles.
Pour limiter les risques de contamination, les médecins libéraux ont dû revoir complètement leur façon de travailler. En développant les consultations à distance, en aménageant des salles ou des plages horaires dédiées aux patients suspects de Covid-19, en nettoyant et désinfectant méticuleusement les locaux et en mettant en place des mesures de distanciation. « Comme il n’y a pas beaucoup d’aération dans la salle d’attente, on ne l’utilise plus, explique ainsi le docteur Khalid Ibouhsissen (en photo), installé avenue Gabriel-Péri. On fait patienter les gens à l’extérieur du cabinet et on les fait entrer un par un. On ne va pas lâcher nos patients, alors on prend un maximum de précautions !
Blouses, surblouses, gel hydroalcoolique, charlottes, gants, surchaussures… La médecine de ville a pourtant particulièrement souffert du défaut d’approvisionnement en équipements de protection, réquisitionnés en priorité pour le personnel hospitalier. « Contrairement à ce que l’Agence régionale de santé annonçait régulièrement au début, on ne trouvait pas de masques FFP2 dans les pharmacies, mais des masques chirurgicaux, inadaptés et en nombre insuffisant, soupire Khalid Ibouhsissen. On avait un stock de masques datant de l’épidémie de H1-N1 qu’on a utilisés dans un premier temps, mais on est contrariés. Il faudrait nous armer ! »
En plus de la débrouille, les médecins libéraux ont heureusement pu compter sur la solidarité de leur réseau et de leurs collègues, comme ceux du Centre municipal de santé, pour se protéger et protéger leurs patient-e-s. Une nécessité toujours d’actualité avec le déconfinement, pour assurer la prise en charge et le suivi des personnes sorties d’hospitalisation, pour participer au dépistage et pour éviter une seconde vague épidémique.
Olivia Moulin