Chargés de nettoyer l’espace public, ces professionnels exercent un métier indispensable au fonctionnement du pays. Et continuent donc à travailler depuis le début de la crise sanitaire et des mesures de confinement.
« On ne peut pas laisser la ville sale ! » Pas de télétravail ni d’arrêt maladie ni de chômage partiel pour Raouf Chaouch. Agent de propreté à La Courneuve depuis bientôt un an, il entretient la voirie, vide les corbeilles de rues et ramasse les déchets sauvages deux ou trois jours par semaine dans le cadre du Plan de continuité de l’activité de Plaine commune. Mis en place le 16 mars, ce dernier vise à maintenir un service minimum de nettoiement de l’espace public tout en réduisant au maximum le nombre d’agents intervenant sur le terrain. « Au début, j’avais vraiment très peur de rentrer à la maison avec le virus et de le transmettre à mes enfants et à ma femme, confie Raouf Chaouch. Là, ça s’est un peu estompé, ça me rassure de voir que nos supérieurs font tout pour qu’on n’attrape pas le Covid. » La direction de l’Unité territoriale de la Propreté et du Cadre de vie de Plaine commune a en effet pris de nombreuses mesures pour garantir la sécurité sanitaire de ses employés.
Les agents ne sont plus que deux par camion, contre quatre d’habitude
En adaptant l’organisation du travail d’abord, pour appliquer les règles de distanciation sociale. « On a réparti les 20 agents mobilisés à La Courneuve en deux équipes, une qui commence à 7 h et une autre qui commence à 8 h, elles arrivent donc en deux fois et ne se croisent jamais, explique Christian Ramos, responsable de la régie propreté sur la ville. Par ailleurs, les agents ne sont plus que deux par camion, contre quatre d’habitude, et ils travaillent en binôme fixe. » En procédant à un nettoyage régulier des locaux et à une désinfection systématique des prises de poste — poignées, volant et cabine des véhicules — ensuite. Et en équipant les agents de propreté de masques et de gants de protection et de gel hydroalcoolique. Même si les équipes de propreté regrettent un certain nombre d’incivilités pendant cette période — déchets en vrac déposés au pied des colonnes jaunes et masques, mouchoirs et gants possiblement infectés jetés à même le caniveau —, elles notent aussi au sein de la population une reconnaissance nouvelle de leur rôle. « C’est vrai qu’il y a plus de gens qui nous disent “Bonjour” et “Merci”, mais ce qu’on espère, c’est d’être reconnus par ceux qui nous gouvernent, lance Raouf Chaouch. Les éboueurs, les caissières, les livreurs, les infirmières, tous les travailleurs qui vont dehors et qui prennent des risques, il faut leur tirer le chapeau et leur faire un geste financier ! »
Texte : Olivia Moulin