Les agent.e.s du service public mobilisé.e.s

Publiée le 7 avr. 2020

Les agent.e.s du service public mobilisé.e.s

agents mobilisés

Illustration : Farid Mahiedine

 

Marine Schaefer

Responsable de l’unité Accompagnement Citoyenneté Jeunesse (ACJ) au service Jeunesse, elle s’est portée volontaire pour travailler en renfort au standard du Centre municipal de santé (CMS).

Le 16 mars, le service des Ressources humaines de la Ville a sollicité les agent-e-s pour savoir qui parmi elles et eux pouvait venir renforcer les services amenés à être très sollicités à cause de la crise sanitaire. Marine Schaefer, responsable de l’une des trois unités du service Jeunesse, n’a pas hésité. Anticipant la baisse d’activité de son service, elle a proposé d’être à la fois en télétravail et en renfort là où cela s’imposait. « La direction générale m’a dit qu’on avait besoin d’aide au standard du Centre municipal de santé, explique-t-elle. À notre arrivée, nous avons été invités à poser toutes les questions que nous souhaitions, puis nous avons été briefés sur le protocole sanitaire : nous laver les mains toutes les heures et désinfecter régulièrement l’ordinateur. Nous portons une blouse et lorsque nous rentrons chez nous le soir, les vêtements du jour vont directement à la machine à laver. »

Marine et ses collègues volontaires ont observé pendant une matinée comment leurs collègues du standard procédaient. L’après-midi même, ils et elles étaient opérationnels. « Il y a un pic d’appels à l’ouverture du standard, à 8 h 30 et à 13 h 30, et là, c’est bien d’être nombreux, précise Marine. Les gens n’appellent pas tous pour le coronavirus. Il y a des gens stressés qui pensent avoir des symptômes, mais il y a surtout des questions sur les vaccins des enfants, des pathologies qu’il faut continuer de suivre, des grossesses. Il faut rester concentré quand les appels se succèdent pour ne pas rater une information, ne pas trébucher sur l’orthographe d’un nom. »

Les équipes tournent à des heures différentes, l’idée étant qu’il y ait toujours deux, trois ou quatre agents pour répondre sans discontinuer aux usagers du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h et de 13 h 30 à 19 h 30, le samedi de 8 h 30 à 12 h. « Il y a une bonne ambiance au CMS, c’est agréable, les collègues ont tout de suite été hyper sympas, indique Marine. J’ai le sentiment d’être utile, même si ça n’a rien à voir en comparaison avec ce que peut faire le personnel soignant. Et je suis contente de pouvoir aider à renforcer l’équipe qui par ailleurs est fatiguée. »

Texte : Joëlle Cuvilliez

Marine Schaefer

Virginie Leleu

Responsable administrative des services Jeunesse et Sports, elle a été affectée au Centre Communal d’Action Sociale pour aider ses collègues.

« Je me suis portée volontaire pour participer à mon niveau à la continuité du service public, explique Virginie Leleu. Il était entendu pour moi que j’irai là où la collectivité aurait des besoins, quels que soient ces besoins. »

Elle est orientée au Centre communal d’action sociale (CCAS) en remplacement d’un collègue qui planifiait le travail des aides à domicile et suivait l’organisation du portage des repas, en poste depuis dix jours d’affilé. « Il fallait un cadre pour pouvoir prendre le relais et apporter un soutien aux collègues », précise-t-elle.

Elle assure le suivi des collègues, en nombre plus restreint, qui interviennent chez les bénéficiaires du maintien à domicile, font le ménage, les courses, la toilette, se tient à leur disposition pour leur fournir masques, gants, gel et attestations de sortie professionnelles, vérifie que tout se passe bien pour elles. Elle doit aussi faire face aux situations nouvelles, les allocataires qui veulent modifier leurs prestations, ceux qui refusent désormais les portages de repas, ceux qui, au contraire, ont besoin de cette prestation. Elle est en lien permanent avec les collègues du CCAS et du standard et passe du temps à réconforter les personnes âgées qui ont besoin de parler. « Très vite, nous avons identifié un nouveau besoin, aider celles-ci à faire leurs courses alimentaires ou leurs achats à la pharmacie, poursuit-elle. Avec Patrick Cark, le directeur des services Enfance et Jeunesse, nous avons organisé ce portage de courses. Sa mise en place a été rendue possible grâce à la collaboration de l’équipe des agents de surveillance de la voie publique volontaires. »

Sa journée commence à 7h30, en même temps que celle des aides à domicile. Entre deux tâches, elle s’occupe des quelques dossiers de son service dont l’activité a été ralentie, comme le suivi des demandes de subvention ou des factures.

Cette expérience du volontariat constitue pour elle une découverte intéressante : « Tout au long de l’année, j’ai affaire à un public jeune, là je suis en contact avec le public senior. J’apprends sur les missions des collègues. Et puis, même si le travail n’est pas toujours facile, l’ambiance est extraordinaire. »

Texte : Joëlle Cuvilliez

Virginie Leleu

Nora Bachiri, agente de l’Etat civil

En temps normal, les missions d’un agent de l’Etat civil consistent à établir des actes concernant la naissance, le mariage, l’adoption ou le décès. Un métier qui nécessite de la rigueur, de l’organisation et une grande capacité d’écoute, des qualités soumises à rude épreuve dans le contexte de la pandémie. Car le service de l’Etat civil est sous pression, les trois agentes qui y travaillent à tour de rôle pour assurer la continuité du service public, du lundi au vendredi, de 9h30 à 16h30, doivent faire face à un surcroît de travail important. « Le service reçoit beaucoup d’appels concernant les mariages, explique Nora. Nous répondons que nous ne savons pas quand les cérémonies seront à nouveau autorisées. Certains couples espèrent toujours pouvoir se marier mi-mai… »

Mais l’accroissement de leur charge de travail est surtout lié à l’augmentation vertigineuse du nombre de décès. « La moyenne est de cinq demandes d’inhumation par jour, confirme Nora. Nous travaillons dans l’urgence, nous sommes loin des conditions normales. »

L’organisation de la journée a été modifiée. Le matin, les agentes privilégient le suivi des dossiers, elles accueillent tout au long de la journée les habitant-e-s qui ont pris rendez-vous. « Pour des raisons sanitaires, nous privilégions les échanges par mail, sauf quand il y a une déclaration de décès. Nous devons être réactives par rapport aux mairies qui nous contactent parce qu’elles ont besoin des actes de naissance des défunts. Il y en a beaucoup… », souligne-t-elle.

La Ville de La Courneuve gère à la fois les décès, les inhumations, les crémations et les exhumations. Le décès nécessite une création d’acte pour, entre autres, autoriser la fermeture du cercueil. En cas d’inhumation ou de crémation, les pompes funèbres transmettent les documents à l’Etat civil qui les vérifie, examine la demande de la famille d’enterrer le défunt dans un caveau ou dans une fosse, informe le cimetière de la date d’inhumation ou de crémation et donne son feu vert. « Les délais sont beaucoup plus rapides que d’habitude entre le décès et l’inhumation ou la crémation. Il faut faire très vite, mais tout doit être parfaitement réglé pour que la cérémonie ait lieu sans souci. Nous donnons notre visa, donc nous engageons notre responsabilité. Des actes de décès, j’en ai fait des centaines, je suis solide psychologiquement, ajoute-t-elle. Mais ce n’était pas la même chose, pas des personnes en forme la veille et disparues le lendemain… »

Joëlle Cuvilliez

 

Nora Bachiri