Mohamed Koussa, ancien enseignant au lycée Denis-Papin et champion du monde de lecture rapide, vous donne des conseils pratiques pour organiser le travail scolaire des enfants et adolescents pendant la période de confinement.
Quel état d’esprit doit avoir un élève vis-à-vis de l’école pendant le confinement ?
Cela sera très différent entre un élève de CE2, un collégien qui va passer le brevet et un lycéen qui prépare le baccalauréat. Pour les plus petits, le travail repose énormément sur les parents. C’est à eux d’organiser le travail pour que le confinement se passe bien. Pour les plus grands au contraire, il faut maintenir une organisation comme si on était à l’école, en gardant une vigilance pour ne pas se considérer en vacances. Avec le confinement, on peut être amené à se lever plus tard et à se coucher plus tard. Si on relâche le cadre du temps, on risque de tout perdre.
Dans la pratique, comment organiser son temps de travail ?
L’idéal est de ne travailler que le matin, en commençant vers 9 h ou 9 h 30, pour finir vers midi ou 13 h. Pas plus, car avec le confinement, une fatigue peut naître, liée à l’angoisse de la situation. L’élève a alors besoin de plus récupérer. Découpez ce cadre horaire, avec une pause de cinq minutes toutes les demi-heures et une pause d’une demi-heure vers 11 h. Il faut se concentrer sur les thèmes les plus importants. Par exemple, les plus petits doivent axer leur travail sur la lecture. Lorsqu’il s’agit d’une classe débouchant sur un examen, les matières concernées doivent être privilégiées. Fondez-vous sur les cours que les enseignants ont envoyés.
Quel rôle doivent jouer les parents dans l’apprentissage ?
Le confinement est l’occasion de rendre les élèves plus autonomes : les parents doivent essayer de ne pas trop entrer dans l’apprentissage. C’est dur, car il y a des parents qui veulent avoir la main sur tout ce que leurs enfants font ! Par exemple, incitez les à recourir au dictionnaire plutôt qu’à vous demander tout de suite. Cela est important car, dans le confinement, les gens les plus vulnérables sont les plus dépendants. Le parent doit juste veiller à ce que le lien se fasse, sans entrer dans le contenu lui-même. Il pose juste les bonnes questions : « Est-ce que le prof t’a bien envoyé le message ? », « Montre-moi le travail que tu as cette semaine » (même s’il ne sait pas lire) ou simplement « Explique-moi ».
Un élément important est l’organisation de l’espace de travail dans la maison.
Comme nous sommes confinés, les espaces doivent être bien organisés. L’espace de travail doit correspondre à l’espace de vie. Travailler dans le salon ou la cuisine est-il le choix le plus efficace ? Ou chacun doit-il rester dans sa chambre pour travailler ? Mes enfants par exemple travaillent tous ensemble dans le salon. Il n’y a pas de solution toute faite. Mais quand on a des enfants petits, il n’est pas possible de les laisser choisir. Par contre, il ne faut pas hésiter à tester différents lieux. Il faut aussi donner à l’ordinateur sa juste place, qu’il ne remplace pas le poste de télévision. Son utilité est grande, comme support de communication via les mails et de cours via Zoom et les autres moyens de diffusion. Attention à ne pas s’isoler quand on l’utilise.
Qu’est-ce que votre méthode de lecture rapide peut apporter à cette occasion ?
Ma méthode de lecture rapide sert à connaître ses propres ressources pour s’organiser en conséquence. Elle permet de se découvrir et d’individualiser sa manière de faire pour ne pas copier les autres. Dans mes formations, on apprend à démystifier ce qui correspond à l’apprentissage : prise de note, lecture rapide, etc. En ce moment, les formations en ligne explosent, car les parents s’inquiètent. Je suis moi-même en train de mettre en place une formation en ligne en direct, comme une classe virtuelle.
Propos recueillis par Nicolas Liébault