Selon la Banque alimentaire, entre 3 et 8 millions de personnes en France n’ont plus les moyens de se nourrir correctement. À La Courneuve, l’antenne locale des Restos du cœur manque de personnels pour faire face à l’augmentation significative des inscriptions.
Vendredi 18 septembre, à 9h, une vingtaine de personnes, Caddie à la main, attendent déjà en file indienne au 33, rue Beaufils. C’est à cette adresse que Giustina Di Ielsi, responsable du centre local des Restos du cœur, nous accueille avec le sourire, malgré la charge de travail à abattre. « Il y a beaucoup d’inscrits. On a dû augmenter les amplitudes horaires pour pouvoir satisfaire le plus de personnes possible. En une semaine, on a distribué 5 800 repas ! » Dans les locaux, huit bénévoles sont prêts pour débuter les distributions de denrées alimentaires. « Sandra, tu peux enregistrer la première personne, lance Giustina. S’ils sont déjà inscrits ou de La Courneuve, tu t’en occupes. Pour celles et ceux qui viennent de la part de travailleurs sociaux, tu me les envoies directement ! » La machine est bien huilée. Tout le monde a une tâche bien précise. Certain-e-s, comme Sandra, enregistrent les dossiers, puis ils sont confiés à Stéphanie, qui synthétise et annonce aux préparateurs des paniers : « Famille de trois personnes, sans viande + un bébé ! » Ou encore: « Famille de six personnes, mange de tout ! » Ensuite, Boussad ou Jean-Marc remplissent les paquets de lait, d’œufs, de riz, de légumes, de surgelés ou encore de yaourts. « Depuis le début de la crise sanitaire, nous sommes passés de 250 à 350 familles bénéficiaires. Uniquement pour La Courneuve ! Car nous accueillons également des personnes d’autres villes de Seine-Saint-Denis dont les structures locales ont fermé, soit par manque de bénévoles, soit parce que les locaux ne se prêtaient pas à la mise en place des mesures d’hygiène et de santé publique. » La crise sanitaire n’a rien arrangé !
Textes : Isabelle Meurisse ; photos : Léa Desjours
Zalfata, nouvelle bénéficiaire et mère célibataire
« C’est une assistante sociale qui m’a envoyée aux Restos du cœur. Je vis seule avec mes cinq enfants de 9 à 20 ans. Je touche une pension d’invalidité. À cause du confinement et de la crise sanitaire, je n’ai pas pu me charger des démarches administratives qui me permettent d’obtenir ce revenu. Depuis six mois, j’ai des difficultés pour payer mes charges, mon loyer, mes courses. C’est la toute première fois que je viens ici. J’espère que ça m’aidera à remonter la pente. »
Stéphanie, bénévole
« J’ai été pendant quelques temps bénéficiaire au Secours populaire. Ça m’a vraiment aidée. Aujourd’hui, je suis devenue bénévole pour redonner le bonheur que l’on m’a donné quand j’en ai eu besoin. Maintenant je vais largement mieux. J’ai pu élever mon fils correctement. C’est en quelque sorte ma thérapie. Je me sens utile. Il y a un réel besoin de bénévoles. De plus en plus de personnes, notamment les retraité.e.s, avec des toutes petites retraites et de très grosses charges. »
Vous voulez devenir bénévole ?
C’est simple, il suffit de se présenter à la structure de La Courneuve, située au 33 rue Beaufils, aux jours d’ouverture : lundi, jeudi, vendredi de 9h à 12h et le mardi de 18h à 20h. Demandez Giustina ou appelez-la au 01 48 37 30 33 ou 06 58 27 72 22.
Le Secours pop’ augmente aussi la cadence
Comme pour les Restos du cœur, la crise sanitaire n’a rien arrangé pour l’antenne locale du Secours populaire français. Pendant le confinement, l’association avait augmenté la fréquence des distributions de paniers alimentaires. Depuis, le nombre de bénéficiaires a bondi de 25% ! Plusieurs foyers se retrouvent au chômage technique ou partiel et ne peuvent plus assurer l’alimentation de leurs familles.
Secours populaire, 93 avenue de la République. Permanences les mardis et samedis de 9h à 11h30.