La Ville privilégie la prévention

Publiée le 7 juil. 2020

La Ville privilégie la prévention

racisme

Mardi 23 juin, les Courneuvien-ne-s se sont rassemblés sur le parvis de Mécano afin de dénoncer les inégalités, « un autre virus qui tue ». Un moment fort en émotions qui soulève une triste réalité : les violences policières et le racisme dans les banlieues. Comment la ville peut-elle apaiser les tensions ? 

Imprimé sur les tee-shirts, inscrit sur les pancartes, tagué sur la statue, le slogan « Justice pour Adama. » inonde la place de la République de Paris en ce mardi 13 juin 2020. 120 000 personnes sont venues soutenir Assa Traoré, la sœur d’Adama, tué le 19 juillet 2016 par plaquage ventral à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise). Parmi elles, la militante féministe Khodia Cissé, poing levé aux côtés de Gilles Poux, le maire de La Courneuve, scande les noms que tonne le collectif Vérité pour Adama dans le micro : « Zyed, Bouna, Adama, Ibrahima, Cédric ! » Leur point commun ? Ils sont tous décédés des suites de violences policières. Longtemps considérées comme de simples faits divers, les violences policières ont gagné en traitement médiatique depuis le mouvement des Gilets jaunes en 2018. Mais comme l’explique Khodia, « nos 
banlieues sont "Gilets jaunes" depuis les années 60. La vague d’immigration qui a suivi les Trente Glorieuses a entraîné des tensions entre les forces de l’ordre et la jeunesse ». Des tensions alimentées par le racisme, dont beaucoup de Courneuvien-ne-s sont victimes.

De la crainte au dialogue

Pour Khodia, la crainte mutuelle entre la police et les jeunes vient d’un problème de communication. « Je sais que le maire est sensible à ces questions-là et la ville doit continuer dans ce sens pour instaurer un dialogue. » Ce dialogue, l’adjoint coordinateur au service jeunesse Steeve Cark tente de le développer via le LC Mag, un média auquel la Ville a donné vie en 2017. Écrites, réalisées et animées par les jeunes souhaitant découvrir les métiers de l’audiovisuel, les émissions du LC Mag questionnent l’actualité avec justesse et curiosité. La toute première avait comme thème « Les enfants de la République ». L’occasion de rencontrer la famille Traoré, qui venait tout juste de perdre Adama. Steeve se souvient : « C’était au tout début de l’affaire. On voulait soutenir la cause en leur achetant un tee-shirt alors on a contacté Assa. Très sollicitée, elle n’avait pas le temps pour une interview. Elle m’a donc proposé de rencontrer Ysoufou, l’un de ses frères qui s’est retrouvé en prison pour avoir défendu Adama. » Une interview poignante toujours disponible sur Youtube sur la chaîne du LC Mag. « Il faut faire la part des choses », prévient Patrick Cark, responsable du service jeunesse/enfance : « Il ne faut pas nier la réalité mais il y a de belles personnes dans la police. C’est pour ça qu’il faut organiser  des rencontres et des débats.» C’est justement pour cela que le service jeunesse/ enfance prévoit des activités pendant l’été. Composées de policier-ère-s, d’animateur-rice-s, d’éducateur-rice-s sportifs et spécialisés, les équipes pluridisciplinaires proposent ainsi du tir à l’arc, de la prévention routière ou encore du canoë. « L’idée c’est d’humaniser l’uniforme, de mettre un visage sur cette grande institution qu’est la police », continue-il. Un bon moyen d’initier le dialogue tant attendu aussi bien par les jeunes que par leurs parents. Outre ces activités, Patrick rejoint Khodia et Steeve sur l’importance de la communication. « Les jeunes sont demandeurs de discussion avec les policiers, et ce de manière apaisée », estime-t-il. « Nous devrions tous nous inspirer de Assa Traoré », complète Khodia. « Car elle inspire le changement et s’exprime au nom de tous les Adama.

Texte : Cécile Giraud ; photos : Silina Syan
 

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