Incendie rue Crèvecœur

Publiée le 21 févr. 2020

Incendie rue Crèvecœur

Incendie

Dans la nuit du samedi 8 février, un feu s’est déclenché dans un entrepôt, se propageant à un immeuble d’habitation. Grâce aux pompiers, les flammes ont pu être maîtrisées. Les locataires ont été pris en charge par la police, le bailleur, le Secours populaire et les services de la Ville. Aucune victime n’est à déplorer.

Samedi, 5 heures du matin. Le commissariat de police est alerté sur ses ondes radio qu’une épaisse fumée se dégage d’un bâtiment situé 51, rue Crèvecœur. Les patrouilles se rendent aussitôt sur place et constatent qu’un entrepôt est en feu et que des immeubles sont menacés par les flammes qu’attise un vent violent. La police est vite rejointe par les pompiers. Vers 5h30, plus de deux cents habitant-e-s de ces immeubles sortent en catastrophe et gagnent la voie publique, la plupart en pyjama, chaussons ou claquettes. Les enfants sont mis à l’abri du froid dans un car de police. Les services de la Ville sont prévenus. Ils ouvrent et sécurisent immédiatement le gymnase Antonin-Magne, permettant à la police d’y orienter, à pied, les deux cent vingt locataires sinistrés. Quelques personnes préfèrent partir en voiture pour déposer leurs enfants chez des proches. Une fois dans le gymnase, tout se déroule dans le calme. Les habitant-e-s s’assoient sur les gradins et, dans la petite salle de boxe et de judo, on dispose des matelas pour les personnes qui souhaitent poursuivre leur nuit. Outre le gardien du gymnase, Corinne Cadays-Delhome, adjointe au maire, déléguée à la défense du droit au logement, et Patrick Cark, responsable du Service jeunesse-enfance, sont présents sur place pour la Ville.

Un accueil mis en place

Aussitôt, l’élue municipale appelle le Secours populaire qui dépêche trois bénévoles. Arrivés vers 7h30, ceux-ci sont habitués à ce type de prise en charge, en particulier dans le cadre du plan Grand Froid. Sous la direction de Michel Chatron, leur responsable, ils proposent sur des tables de buffet un petit-déjeuner, du café, du thé, du chocolat, des gâteaux, du lait pour les bébés. Le maire Gilles Poux, de son côté, accueille les familles et donne un coup de main aux bénévoles. Le préfet aussi a répondu présent. Les services de la Ville joignent alors le bailleur Batigère, dont cinq cadres, dès 7 heures, viennent recenser les locataires un par un. La protection civile est également là en grand nombre et ses six médecins organisent un bilan de santé. Mais personne ne sera orienté vers une structure médicale. Au même moment, deux cents pompiers issus de quinze casernes bataillent avec les flammes pour éteindre l’incendie qui, de l’entrepôt, a atteint l’immeuble Batigère par les combles en bois. Les pompiers doivent découper le toit pour y accéder. Le vent est très fort, ce qui rend la tâche difficile. Le feu est maîtrisé vers 9 heures du matin. Mais les soldats du feu restent jusqu’à 16 heures pour sécuriser le périmètre. Grâce à eux, un entrepôt stockant des peintures et produits hautement inflammables ne sera pas atteint. En fin de matinée, les pompiers informent les occupant-e-s du gymnase sur les modalités de réintégration : les locataires des logements brûlés et inondés n’ont pas le droit de retourner sur les lieux. Cinquante personnes demeurent par conséquent dans le gymnase.

Assurer l’hébergement

Les cadres de Batigère appellent rapidement les assurances de ces dix-huit familles des logements inhabitables afin de permettre leur hébergement à l’hôtel, le choix de l’établissement s’effectuant en fonction des partenariats de chaque assureur. Vers 15 heures, ces familles peuvent gagner une chambre où elles passeront entre deux à vingt nuits selon les cas, dans l’attente d’un relogement pérenne. Préalablement, les services municipaux et le bailleur ont cherché à récupérer les moyens de paiement, cartes d’identité et clés de voiture laissés sur place. Les pompiers ont aussi dû enlever les plaques de zinc menaçant de s’envoler à cause du grand vent. Des portes anti-intrusion sont installées et des vigiles postés à l’extérieur pour éviter les vols. Pour les locataires sans logement, tout est à recommencer.

Texte : Nicolas Liébault ; photo : Léa Desjours

La police enquête sur les causes de l’incendie

L’entrepôt d’environ 1200 m2, d’où est parti l’incendie, n’avait pas pignon sur rue et n’était pas destiné à accueillir du public. Il n’était par conséquent pas spécialement contrôlé. Il semble avoir été transformé d’un usage de stockage alimentaire en 2004 vers un stockage de produits textiles. Selon Stéphane Richard, du commissariat de police de La Courneuve, « l’enquête est en cours avec l’audition de différentes personnes ». D’après une rumeur, le feu trouverait son origine dans des jets pyrotechniques provenant d’une salle des fêtes attenante. Mais le policier précise que cette assertion n’a pas été confirmée par l’enquête. Un arrêté a été pris pour fermer l’entrepôt et y interdire les activités.

La procédure de relogement est engagée

Les cadres du bailleur Batigère, dont dépend le bâtiment affecté par l’incendie, ont pris des rendez-vous avec les locataires pour un relogement à plus long terme, recevant les familles une par une au gymnase Antonin-Magne. Les nouveaux appartements proposés seront issus du propre parc de Batigère mais aussi d’autres bailleurs comme Toit et Joie, ICF ou Seine-Saint-Denis Habitat. Pour Simon Duchemin, directeur territorial Grand Paris Nord de Batigère, « si le relogement doit se faire au plus près de l’ancienne adresse, les locataires peuvent être logés temporairement un peu plus loin ». Il ajoute que « dans l’urgence, la priorité est donnée aux locataires dont les nuitées d’hôtel sont les plus courtes ». Ils et elles pourront regagner leur logement après expertise et travaux (un an de procédure estimé). « Personne ne dormira dehors », veut-il rassurer. Une cellule psychologique a été créée. Quant à la mairie, elle entend suivre de bout en bout la procédure de relogement, en cherchant de son côté à proposer des appartements sur son propre contingent et en faisant le lien avec les autres bailleurs. À l’heure où nous bouclons le journal, douze familles sur dix-huit ont été relogées.

Pour plus d’informations, vous pouvez contacter la direction territoriale Grand Paris Nord de Batigère au 01 34 23 30 20.