Dernier été pour la barre Robespierre

Publiée le 10 juil. 2020

Dernier été pour la barre Robespierre

Grignotage Robespierre

Les travaux de démolition de l’ancien immeuble de plus de 300 logements démarrent. Une étape majeure du renouvellement urbain des 4000 Nord.

Sur la terrasse d’une boulangerie, Sabra et sa fille regarde le squelette de Robespierre. Un bâtiment emblématique de la cité des 4000, désormais méconnaissable. Le curage, cette opération qui consiste à retirer de l’immeuble fenêtres, cloisons, volets, ainsi que le désamiantage sont passés par là. « Ça me fait un pincement au cœur. J’ai eu mon premier logement ici. J’y ai conçu mon fils. C’est bizarre de se dire que tout ça va disparaître », confie Sabra.

La pelleteuse et son bras gigantesque, haut de 45 mètres, s’apprête à dévorer tout l’été la barre de 15 étages. « C’est normal qu’il y ait de la nostalgie », assure Gilles Poux, maire de la ville.  « Par le passé, ces logements ont été le symbole du progrès social. De nombreuses personnes sont sorties des bidonvilles grâce à ces bâtiments. C’est une histoire qui se termine. Mais c’est aussi le début d’un récit à construire », conclut-il. Mohammed, lui, sort son smartphone de sa poche pour voir les hauteurs de l’immeuble s’effondrer sous les coups de mâchoire de la grue grignoteuse. « J’ai assisté à la construction de ce bâtiment et aujourd’hui je le vois partir. Il y a un peu de nostalgie mais c’est une bonne chose. »

Un projet de longue haleine

Chacun immortalise en photo ou vidéo l’événement. Pour protéger les habitants de la poussière émise par la destruction de la structure, un grand tapis de protection vertical va contenir tout l’été les particules de béton qui s’envolent dans le ciel. « L’objectif à terme est d’utiliser la parcelle pour y construire 150 logements, en locatif privé et déplacer le terrain de football », précise Corinne Cadays-Delhome, adjointe au maire déléguée au droit au logement, tandis que des morceaux de mur s’effondrent avec fracas. « Il est temps que ça se termine », soupire de son côté Sabra. « On commence à en avoir marre de vivre dans les travaux, même s’il nous manque toujours une bonne boucherie et un docteur. »

Des vœux en partie exaucés dans les mois qui viennent. Un cabinet médical doit naître, à quelques mètres de là, d’ici la fin de l’année 2020. « Il y aura un kinésithérapeute, du personnel infirmier et un médecin généraliste », confirme Soumia El Gharbi, cheffe de projet renouvellement urbain pour l'Établissement public territorial Plaine Commune. « Nous allons également refaire le chemin piéton et rénover la dernière barre d’immeuble. L’opération sur toute la parcelle nord des 4000 devrait se terminer à l’horizon 2026 », assure-t-elle.

Cap sur le Vieux Barbusse 

Mais La Courneuve n’en a d’ailleurs pas tout à fait fini avec les grues. Prochaine étape de ce renouvellement du paysage urbain : le quartier du Vieux Barbusse : « Ça va démarrer avec le franchissement de l’autoroute A1 grâce à une passerelle qui va relier le quartier au parc Georges-Valbon. Tout a été signé et l’objectif est d’inaugurer le projet au moment des J.O de 2024 », ajoute Soumia El Gharbi. Une opération dont les premières études datent des années 90. Elle permettrait de désenclaver le quartier du Vieux Barbusse par la réalisation d’une voie piétonne  en direction de la passerelle. Par ailleurs, 74 logements seront démolis, et 180 réhabilités. Une trentaine de logements neufs en accession sociale seront construits. « J’espère que cela va ouvrir de nouvelles perspectives aux habitants du quartier, notamment pour les jeunes », commente  Mohammed en quittant le chantier.

 

Texte : Ludovic Clerima ; photos : Léa Desjours

Grignotage Robespierre

La circulation sera impactée

Prévus du 4 juillet au 12 août, les travaux de démolition de la superstructure en béton auront un impact important sur la circulation.

Après les opérations de curage et de désamiantage, la déconstruction de l’immeuble emblématique des 4 000 Nord arrive à sa phase finale. L’abattage mécanique aura lieu pendant les vacances scolaires d’été, avec l’entrée en action de la pelle de grande hauteur et à grand bras. Muni d’une pince hydraulique, l’engin de démolition commencera par « grignoter » de haut en bas la cage d’escalier n°10, celle située en face du centre de protection maternelle infantile (PMI) Verlaine. Une opération qui s’accompagnera d’une fermeture de la voirie et d’une déviation des circulations automobile et piétonne pour déployer la grue servant à lever le tapis de protection anti-gravats et sécuriser le chantier au maximum. Les entreprises s’efforceront de réduire les nuisances, les plus gros travaux se faisant pendant les vacances scolaires. Du 4 juillet au 31 août, les automobilistes n’auront plus accès à la voirie longeant le 49 Barbusse (rues Paul-Verlaine et Robespierre). Les piéton-ne-s devront emprunter la rue Paul-Verlaine ou l’allée le long du bâtiment pour se rendre à la Maison pour tous Cesária-Évora et la rue Paul-Verlaine pour se rendre au centre de loisirs Robespierre. Une fois la cage n°10 démolie, l’abattage des quatre autres cages durera jusqu’au 12 août. Après la démolition de la superstructure, il faudra compter environ douze semaines pour mener à bien les travaux de finition : démolition des infrastructures, concassage des gravats, remblaiement des fondations… Sauf imprévu, le site sera ainsi remis en état pour début novembre.

Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours

Robespierre