BooskaColombien - « J’ai envie d’aider d’autres jeunes de banlieue à s’en sortir »

Publiée le 24 sept. 2020

BooskaColombien - « J’ai envie d’aider d’autres jeunes de banlieue à s’en sortir »

BooskaColombien

Depuis trois ans, Nicolas dit BooskaColombien travaille pour le site Booska-p, une référence en matière de rap et de cultures urbaines, et fait des millions de vues avec ses vidéos. Un métier passion que l’enfant de La Courneuve, qui a longtemps vécu dans le quartier du 8-Mai-1945, veut rendre utile.

Il a le large sourire et les yeux brillants d’une personne « 100 % épanouie ». Le sourire large et les yeux brillants quand il parle du rap, « une passion » que le jeune homme de 25 ans a réussi à transformer en métier. « Le rap, c’est presque toute ma vie ! J’ai commencé à découvrir le rap français dans les années 2006-2007, ça m’a parlé directement. À l’époque, c’était seulement sur Booska-p qu’on pouvait retrouver tous les morceaux. J’ai connu le site comme ça et j’ai grandi avec. » Il veut même y faire son stage d’observation de 3e, mais n’arrive pas à trouver les contacts des responsables pour leur envoyer CV et lettre de motivation. Son autre passion à l’époque, c’est le foot. « J’ai commencé dès l’âge de 6 ans, j’ai joué en débutant à l’ASC et j’ai suivi l’entraîneur au Red Star ensuite », raconte Nicolas. L’enfant, puis l’adolescent, qui fréquente la maison de quartier Guy-Môquet en partie pour taper dans le ballon rond, s’entraîne trois fois par semaine et fait des matchs le week-end. « J'ai tout donné pour percer, explique t-il, mais je me suis loupé une ou deux fois à cause de mon bulletin et après j'ai dû arrêter à cause d'une blessure à l'épaule. »

C’est en 2017, alors qu’il vient de lancer sa propre chaîne YouTube pour filmer des micros-trottoirs consacrés au rap, que l’étudiant en licence Administration et échanges internationaux fait une seconde tentative pour intégrer Booska-p, au culot. Après une candidature spontanée, où il évoque son quotidien rythmé par la culture urbaine, il interpelle le responsable du management stratégique du site sur Twitter. Banco. Il décroche un entretien avec ce dernier et avec le cofondateur et rédacteur en chef de Booska-p, Amad. Entre les trois, le courant passe, très bien. « C’était un moment-clé pour eux, parce qu’ils cherchaient de nouveaux concepts et de nouveaux visages pour les incarner. »

« Dès que je connais quelque chose, j’ai envie de l’apprendre aux autres ! »

Édition des playlists, animation des émissions Wesh et Dans la gova, gestion des réseaux sociaux, organisation des tournages... Curieux et débordant d’énergie, Nicolas se voit vite investi de plein de responsabilités, d’abord en dehors de ses cours puis dans le cadre de son stage de fin d’année. « Je prenais tout, j’étais un peu débordé ! » se souvient celui qui a hérité du pseudo BooskaColombien. « C’est super kitsch, rigole-t-il, mais ça me fait plaisir de mettre en avant mes origines. » En 2018, à rebours du conseil donné par Amad, il décide de ne pas repasser le master 1 Management des PME et Mondialisation qu’il a raté. « On m’avait fait confiance à 100 % à Booska-p. J’avais peur de perdre ça en retournant en cours et j’avais trouvé ma voie. » Sa voie, c’est donc le journalisme rap, avec une forte dimension sociale. « C’est important pour moi d’utiliser ma visibilité et celle de Booska-p pour permettre à des jeunes de percer dans le rap, d’avoir des revenus, d’aider leurs proches, de s’acheter une maison... Je suis un jeune de banlieue qui est arrivé à s’en sortir, j’ai envie d’aider d’autres jeunes de banlieue à s’en sortir. » Nicolas veut aider et transmettre aussi, comme lors de son intervention auprès des Courneuvien-ne-s du LC Mag’ pour analyser leurs réseaux sociaux et leur chaîne YouTube. « Dès que je connais quelque chose, j’ai envie de l’apprendre aux autres ! »

Pour celui qui n’était pas un élève « très assidu», c’est le soutien de sa mère, agente d’entretien pour la Ville qui l’a toujours laissé libre de ses choix à condition qu’il ne fasse pas de bêtises, et le travail qui ont fait la différence. « Je ne suis pas juste l’ami des rappeurs qui se pose devant une caméra ! Pour bien faire, pour propulser les vidéos en tendance, pour gérer les partenariats avec des marques, il y a beaucoup d’entraînement et de pression », insiste-t-il. Sans se départir de son large sourire et de ses yeux brillants.

Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours