16/04/2020 - Le directeur du Centre municipal de santé fait le point

Publiée le 17 avr. 2020

16/04/2020 - Le directeur du Centre municipal de santé fait le point

CMS

Le Centre municipal de santé Salvador-Allende a dû répondre aux impératifs sanitaires liés aux COVID-19 et continue à accueillir, dans la sécurité la plus totale, les patients concernés par toutes les autres pathologies. Questions au docteur Julien Le Breton, son directeur.

 

Quelles sont la situation sanitaire et les conditions d’accueil au Centre municipal de santé depuis une semaine ?

C’est un petit peu plus calme par rapport à la semaine dernière, mais la tension demeure élevée concernant les patients suspectés de COVID-19, lesquels restent nombreux à être hospitalisés, avec également quelques décès. Globalement, je note une légère baisse.

 

Pourquoi le CMS n’est-il pas engorgé, alors qu’on constate une surmortalité due au COVID-19 en Seine Saint-Denis ?

L’engorgement est hospitalier. Or les hôpitaux de Seine-Saint-Denis drainent un bassin de population très important, d’environ 500 000 personnes avec une capacité d’environ 700 lits. En comparaison, le CMS draine une population de seulement 40 000 personnes avec une capacité de 250 consultations par jour. Finalement, les patients suspects de COVID-19 que nous invitons à se rendre à l’hôpital correspondent à un très grand nombre de personnes par rapport aux capacités hospitalières, mais nos propres possibilités, que ce soit en médecins de ville ou au sein du CMS, absorbent facilement ces volumes.

 

Continuez-vous à inviter les patients comportant des maladies hors-COVID-19 à se rendre au CMS ?

Tout à fait. Les conditions de sécurité dans l’accueil des patients sont actuellement optimales. Nous accueillons d’ailleurs de plus en plus de patients sur place. Nous reprenons des rendez-vous en médecine générale, pédiatrie ou encore gynécologie, lesquelles tournent à plein régime. J’incite donc vivement nos patients à venir nous voir. Certes, le risque zéro n’existe pas. Mais il n’est pas supérieur par rapport à n’importe où ailleurs. Nous avons bien dissocié les parcours et prenons toutes les précautions. Les locaux notamment sont régulièrement désinfectés à base d’eau de javel diluée comme d’habitude. Les normes très strictes sont respectées.

 

Comment fonctionnent les consultations à distance, avec quels moyens, pour quels types de diagnostics ?

Nous cherchons à évaluer si un patient a besoin d’un examen physique. Beaucoup de diagnostics peuvent être effectués par un entretien à distance, à la suite duquel il sera possible de convoquer le patient le cas échéant. La téléconsultation peut s’opérer tout simplement par téléphone, mais aussi à partir d’une tablette, d’un ordinateur. Il s’agit d’une vraie consultation, sachant que beaucoup de suivi vont nécessiter une consultation physique.

 

Disposez-vous du matériel nécessaire au sein du CMS, que ce soit en masques, gel, tests, ou encore blouses ?

Nous avons été approvisionnés en masques, en gel, en blouses. Le stock est assuré, mais la consommation se poursuit. Le matériel provient de l’Etat mais aussi d’autres prestataires. Une famille courneuvienne nous coud des masques et nous allons les distribuer aux patients. En effet, il est très probable que le port du masque soit fortement conseillé dans les mois à venir.

 

Comment s’est déroulée la formation des infirmiers au dépistage du COVID-19 qui intervient dans le cadre de l’étude sur l’hydroxichloroquine ?

Cette formation s’est déroulée mardi 14 avril pendant trois heures à l’hôpital de La Salpêtrière. Les quatre infirmiers concernés ont recueilli beaucoup d’informations sur l’hygiène, la désinfection, etc. Prescrit par un médecin, le dépistage est un geste à risque de contamination et ils ont appris à l’opérer dans des bonnes conditions de sécurité et pour que le résultat soit pertinent. Nous sommes en train de préparer la fourniture par les laboratoires des tests eux-mêmes, lesquels commenceront à être appliqués la semaine du lundi 20 avril. Ces tests sont réservés aux personnes suspectées d’être malades et qui veulent bien participer au protocole d’étude sur le traitement. Mais nous réfléchissons actuellement à en faire aussi bénéficier les patients refusant de participer à l’étude sur le traitement.

 

Comment s’opère la coordination entre le CMS et les médecins et infirmiers libéraux ?

Nous travaillons dans le cadre de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), laquelle existe depuis juin 2018. Le bureau de la CPTS se réunit toutes les semaines et coordonne l’action concernant le matériel, les soins, etc. Nous avons commencé à mettre en place un protocole de sortie d’hospitalisation. Quand des patients infectés par le COVID-19 sont prêts à sortir, l’hôpital nous adresse le compte-rendu, le nom et l’adresse des patients. Je les réceptionne comme coordinateur médical et nous nous les répartissons avec les infirmières et les médecins qui l’acceptent. Des visites à domicile peuvent être ainsi organisées, dans la mesure où les patients sortent souvent de l’hôpital avec des soins à effectuer, et notamment un traitement anti-coagulant à réaliser tous les jours.

 

Propos recueillis par Nicolas Liébault ; photo : Thierry Ardouin

 

 

Horaires d’accueil du Centre municipal de santé Salvador-Allende :

2, mail de l’Égalité (en centre-ville), standard : 01 49 92 60 60

Ouvert (horaires habituels) :

  • Du lundi au vendredi, de 8h30 à 12h et de 13h30 à 19h30 ; la structure est ouverte lundi 13/04 de 8h30 à 12h
  • Le samedi, de 8h30 à 12h.

 

 

A moins d’une extrême gravité, il vous est conseillé d’appeler le numéro du CMS et non le 15, car celui-ci est souvent saturé. Le CMS répond à tous les appels.

Hors Covid-19, à noter qu’aucun autre service du CMS n’a été interrompu, même si la téléconsultation est privilégiée pour les traitements qui n’ont pas besoin de contact, comme la pédiatrie, la maternité, la psychologue ou le médico-social.