Jeudi 31 octobre, la ville a accueilli Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, son secrétaire d’état, Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, ainsi que Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, en amont de l’annonce des 23 mesures du gouvernement pour la Seine-Saint-Denis.
Jeudi matin, à 8 heures tapantes, la délégation ministérielle arrive à l’Hôtel de ville. Une trentaine de personnalités locales, invitées par les services de l’État, sont déjà installées et, parmi elles, Mohamed Aouichi et Josiane Le Gril, membres du Conseil citoyen, Aly Diouara pour l’association Asad, Yann Bourhis, directeur de la fondation Jeunesse Feu Vert, et des représentants des bailleurs présents sur la ville. Le temps est minuté : une heure pour cette table ronde animée par Fadela Benrabia, préfète à l’Égalité des chances. Dans son intervention, le maire Gilles Poux rappelle que cette visite est l’aboutissement d’actions menées depuis 2009, année de la plainte à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). « Dix ans plus tard, rien n’a changé. Ce n’est pas possible que là où on souffre le plus, on ait moins... » Le maire égrène quelques chiffres issus de l’Atlas des inégalités. Il dénonce une nouvelle fois les discriminations d’État : « Ici, un tiers de la population a moins de 20 ans, c’est donc ici que se joue l’avenir. Nos populations méritent de l’attention. Nous attendons des actes en matière de sécurité, d’éducation et d’emploi. La République doit donner des signes et redonner de l’es- poir. » Julien Denormandie acquiesce : « Le rôle du gouvernement est de tracer un chemin vers l’égalité, c’est le sens de cette journée et des actions que nous devons mettre en œuvre ensemble. »
Les maux de la ville
Le temps d’échange avec la salle démarre avec Josiane Le Gril : « La Courneuve ne manque pas d’atouts, mais il faut agir contre l’insécurité, fournir les moyens nécessaires pour transformer la ville et donner aux habitants-e-s l’envie d’y rester. » Pour Yann Bourhis, qui suit au quotidien 700 jeunes, il faut mettre en place de nouveaux dispositifs pour les accompagner vers l’emploi. Aly Diouara insiste sur l’éducation et sur le rôle de l’école : « L’État a une dette vis-à-vis du 93. Il doit débloquer des crédits pour créer des pôles d’excellence et accompagner les jeunes vers la réussite. » Stéphane Troussel, président du Conseil départemental, et Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, soulignent la nécessité d’avoir des moyens humains et financiers pour créer des postes d’enseignant-e-s et assurer les remplacements afin de lutter contre le décrochage scolaire et ses conséquences.
Sur le terrain
Une fois les échanges terminés, la délégation s’est engagée allée du Progrès pour prendre le tramway en direction des Quatre-Routes. À l’arrêt La-Courneuve-8-mai-45, le président de l’association des commerçants des Quatre-Routes, Jean-Marc Bellotto, par- tage son exaspération avec le ministre de l’Intérieur : il dénonce les trafics, les vendeurs à la sauvette qui font régner un climat d’insécurité. Une situation qui perdure malgré la mobilisation des élu-e-s et des habitant-e-s. Christophe Castaner annonce : « Ce quartier va bénéficier de moyens supplémentaires avec le dispositif Quartier de reconquête républicaine (QRR). » Les discussions se poursuivent à la boulangerie, au bar tabac et dans la nouvelle brasserie de la place Claire-Lacombe. Les client-e-s sont stupéfaits. Valérie Pécresse accepte volontiers quelques selfies. Enfin, la délégation prend la direction de la préfecture de Bobigny pour rejoindre Édouard Philippe, le Premier ministre. À La Courneuve, les habitant-e-s espèrent que cette visite sera suivie de mesures concrètes à la hauteur des besoins de la commune et du département.
Textes : Pascale Fournier et Nicolas Liébault ; photos : Thierry Ardouin
23 mesures pour renforcer la place de l’État dans le 93
Attractivité :
- mise en place d’une prime de fidélisation de 10 000 € pour les agents des services publics de l’État en Seine-Saint-Denis ;
- rendre plus attractifs les postes par un alignement sur les administrations centrales des régimes indemnitaires des services déconcentrés de l’État ;
- relogement d’ici à 2022 de la sous-préfecture de Saint-Denis dans l’ancienne succursale de la Banque de France ;
- priorité accordée aux agents travaillant en Seine-Saint-Denis pour bénéficier de la bourse au logement des agents de l’État ;
- mise à disposition des cadres supérieurs de la Fonction publique dans le cadre du dispositif d’affectation des jeunes fonctionnaires des corps d’inspection et de contrôle sur des missions prioritaires du Gouvernement.
Sécurité :
- affectation de 100 officiers de police judiciaire (OPJ) supplémentaires sur deux ans (50 par an) dans le département, en renforçant le nombre de fonctionnaires formés dans les deux centres régionaux et en ouvrant une formation OPJ à Saint-Denis. Une première vague arrivera en septembre 2020 et une deuxième mi-2021 ;
- création à Saint-Ouen et à la Courneuve de deux quartiers de reconquête républicaine (QRR) qui donneront lieu à la création de 50 postes de policiers supplémentaires mi-2020 ;
- programmation prioritaire au titre du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) des projets structurants de vidéosurveillance en Seine-Saint-Denis ;
- remise à niveau des commissariats de police et engagement des rénovations et reconstructions des commissariats d’Aulnay-sous-Bois (16 M€) et d’Épinay-sur-Seine (14 M€) d’ici à 2023.
Éducation :
- mise en place d’un dispositif de pré-recrutement (contrats de préprofessionnalisation) en Seine-Saint-Denis, bénéficiant à 500 étudiants par an à horizon de trois ans ;
- création des groupes d’appui éducatif localisé (GAEL), au niveau des 57 réseaux d’éducation prioritaire du département pour renforcer l’encadrement à l’intérieur et à l’extérieur des établissements ;
- affectation de 20 M€ supplémentaires de dotation de soutien à l’investissement public local, alimenté à hauteur de 2 M€ par an pendant dix ans pour financer les investissements immobiliers scolaires réalisés par les collectivités locales en Seine-Saint-Denis ;
- extension à tout le département du dispositif « le choix de l’école » qui accompagne les jeunes diplômés sortant de grandes écoles vers l’enseignement et les collèges de l’éducation prioritaire de la Seine-Saint-Denis.
Santé :
- ouverture d’une enveloppe annuelle de crédits de 10 M€ au titre des missions d’intérêts général (MIG) pour financer des actions visant à mieux accueillir les publics fragiles qui sont plus nombreux en Seine-Saint-Denis ;
- pour renforcer la lutte contre l’habitat indigne, accroissement des effectifs en charge des contrôles (+5 emplois temps plein -ETP) ;
- restructuration du site du groupement hospitalier intercommunal (GHI) le Raincy-Montfermeil, modernisation de l’établissement public de santé (EPS) de Ville-Evrard et restructuration du centre hospitalier de Bobigny (Avicenne) d’ici à 2024 ;
- modernisation des urgences hospitalières de Montreuil, de Montfermeil et d’Aulnay pour améliorer l’accueil des patients d’ici à 2024 ;
- création d’un groupement hospitalier et de santé (regroupant les deux centres départementaux du cancer, le CHU et les opérateurs privés) et création d’un centre de recours local rattaché à un établissement existant d’ici à 2021 ;
- installation de 6 équipements lourds supplémentaires (3 tomographes par émission de positions, 1 scanner et 2 IRM) sur l’ensemble du réseau hospitalier départemental d’ici à 2021 ;
- mise en place d’une mission d’appui aux centres de santé municipaux ;
- aide à l’installation des médecins dans le département en prenant en charge jusqu’à 100% de leur investissement ;
- doublement du nombre de maîtres de stage d’internes de médecine générale (213 agréés pour l’année universitaire 2019-2020) pour fidéliser les jeunes médecins sur le territoire.
Justice :
- création de 35 postes de greffiers et pérennisation de 12 postes de magistrats supplémentaires dans les juridictions. Cela représente une augmentation de 15% des effectifs de greffiers ;
- réalisation du projet d’extension du Tribunal de grande instance de Bobigny d’ici à 2026.