Nadia Chabhoune - Courir pour aller à sa propre rencontre

Publiée le 4 nov. 2019

Nadia Chabhoune - Courir pour aller à sa propre rencontre

Nadia Chabhoune

Depuis près de vingt ans, Nadia Chahboune court, repoussant toujours plus loin ses propres limites. Son dernier défi : le semi-marathon des sables, à Fuerteventura. Son prochain challenge : emmener deux Courneuviennes au Marathon de Paris, en avril.

Nadia Chahboune a grandi au sein d’une famille nombreuse, dans un quartier populaire de La Courneuve. Très vite, un trait de son caractère s’impose : la ténacité. C’est ainsi, déterminée, qu’elle va au bout de sa scolarité – collège Raymond- Poincaré, lycée Jacques-Brel –, qu’elle se spécialise dans les échanges internationaux, obtient son BTS, sa licence. Puis un emploi en lien avec ses choix universitaires. L’histoire pourrait s’arrêter là, elle ne fait que commencer. Parallèlement à ce parcours sans faille, elle suit un autre chemin. Plus âpre. Celui de la course. Un premier footing, un autre, encore un, un 10 km, un semi-marathon, un marathon. À la détermination s’est greffée l’envie de repousser les limites. Alors, en septembre dernier, Nadia relève un défi de taille : le semi-marathon des sables, à Fuerteventura, aux Canaries. 120 kilomètres en trois étapes avec un sac de huit kilos sur le dos. Bivouac sous tente. Dans le désert. Le trail flirte avec l'extrême : les températures à cette époque de l’année restent élevées, le terrain ne permet pas toujours de courir, il y a beaucoup de dénivelés. « Mon objectif, c’était de profiter du paysage et d’aller au bout de la course, explique-t-elle. Je suis arrivée largement avant les temps éliminatoires ; dix-neuf heures au chrono. L’épreuve est physique, je m’attendais à souffrir, mais au lendemain de la première étape, la motivation était là... 90 % de la réussite dépend du mental. »

« La Courneuve, j’y vis, j’y suis bien. J’y ai ma famille. Si un jour je dois en partir, ce sera pour aller à l’étranger. »

Pour arriver à ce résultat, elle s’est entraînée, seule, pendant trois mois. Sommeil, hygiène de vie, entraînement quel que soit le temps, rien n’a été laissé au hasard. « C’est une manière de vivre qui devient celle du quotidien, précise- t-elle. Ce qu’on fait en préparation pour une course, on le garde le reste de l’année. Ce n’est pas une corvée, au contraire. Ça donne du sens à la vie. »

Elle passe des heures au parc départemental. L’endroit qu’elle préfère dans la ville. Elle précise : « La Courneuve, j’y vis, j’y suis bien. J’y ai ma famille. Si un jour je dois en partir, ce sera pour aller à l’étranger.» Car Nadia est aussi une voyageuse. Une vraie. Vol sec et sac léger. Elle a sillonné le Vietnam, les Philippines, la Russie, la Tanzanie, s’apprête à découvrir la Jordanie et le sultanat d’Oman. Le goût de l’ailleurs lui est venu d’un séjour de trois mois à New-York, dans le cadre de ses études supérieures. « Voyager, c’est se rendre compte des chances qu’on peut avoir, résume-t-elle. Je pars, mais je rentre à chaque fois... là où mes racines se trouvent. »

Mon prochain défi, ce sera le Marathon des sables, en 2021. 250 kilomètres. L’une des courses les plus difficiles au monde... »

Détermination, dépassement de soi. La jeune femme a aussi une troisième corde à l’arc de sa personnalité. Le partage. Ce qu’elle aime, ce qu’elle maîtrise, elle entend en faire profiter les autres. Elle s’implique dans le mouvement associatif, est bénévole durant dix ans à l’association Tempo, en devient la présidente, puis crée Propul’C en 2015. « J’avais un projet, celui d’amener au sport des personnes qui ne pratiquaient pas. Il fallait aller les chercher, surtout le public féminin, dans les quartiers. La première année, quand on a essayé de recruter des mamans, c’était un vrai travail ! Elles étaient réticentes, elles accompagnaient les enfants aux activités, mais elles pensaient que le gymnase n’était pas fait pour elles. » Nouveau pari, nouvelle réussite : Propul’C compte aujourd’hui quatre-vingt-dix adhérentes. Et deux d’entre elles entendent bien tenter leur premier marathon, à Paris, en avril prochain. Et comme elle a de la suite dans les idées, on s’en doute, elle ne va pas en rester là. Elle sourit. Confirme : « Mon prochain défi, ce sera le Marathon des sables, en 2021. 250 kilomètres. L’une des courses les plus difficiles au monde... »

Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours