À 33 ans, Marie Danion vient de prendre la tête du commissariat de La Courneuve-Dugny-Le Bourget et d’une équipe de 160 personnes. « Alsacienne d’origine et fière de l’être », elle a développé un attachement fort à la Seine-Saint-Denis, où elle se sent vraiment utile.
Dans son bureau sans fioriture au deuxième étage du commissariat, Marie Danion parle de son métier avec ardeur, évoquant tour à tour la solidarité et l’esprit d’équipe qui soudent les policiers du département, son rapport très protecteur avec ses effectifs et les multiples facettes de sa mission : conception des stratégies de lutte contre l’insécurité et la délinquance, réunions avec les élu-e-s et les divers partenaires institutionnels, gestion du service et opérations sur le terrain aux côtés des officiers de police judiciaire. Elle est pourtant venue à ce métier sur le tard, en découvrant lors de ses études de droit à Paris la procédure pénale et les débouchés professionnels possibles après l’université. Son master en poche, elle passe ainsi le concours externe de l’École nationale supérieure de la police (ENSP), trois fois, avant de le réussir en 2012. Une détermination caractéristique chez cette ancienne escrimeuse de haut niveau, médaillée de bronze en sabre aux championnats de France 2011 notamment.
" Quand on est policier, on est ancré dans la réalité "
Grâce à ce sport de combat, qu’elle a commencé à pratiquer dès l’enfance, elle a en effet appris à « repousser ses limites pour aller chercher la gagne ». Après ses deux ans de formation, c’est à Bobigny puis à Drancy que Marie Danion fait ses premiers pas de fonctionnaire. « Ce n’est pas du tout un gros mot pour moi, c’est une fierté ! » Et une histoire de famille, pour cette fille et sœur de médecins résolument attachés à travailler dans le public. « Mes parents m’ont appris à servir les autres. Ils ont été surpris par ma décision d’intégrer la police, mais on fait quasiment le même métier, on se confronte à la difficulté humaine et sociale et on essaie d’aider les gens. Quand on est policier, on est ancré dans la réalité. » Habituée aux milieux assez masculins avec l’escrime, Marie Danion se félicite de la féminisation en cours dans la « maison » de police. Même si elle se dit opposée au barème féminin dans les épreuves d’exercices physiques du concours de l’ENSP et à la féminisation de son titre, Madame le commissaire considère qu’être une femme peut être un plus dans ce milieu : « On a une autre vision des choses et une autre façon de régler les problèmes. » En 2016, marquée par les attentats qui ont frappé la capitale l’année précédente, elle décide de rejoindre la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris pour faire son métier autrement. Sauf que, rapidement, le terrain, l’ambiance du commissariat et le 93 lui manquent.
Bannir les trafics en tout genre
« C’est un département compliqué au niveau du travail, mais très attachant. Ici, on a vraiment l’impression de servir à quelque chose et on a un véritable rôle à jouer auprès des habitants, qui ne demandent qu’à être en sécurité, à se promener avec leurs enfants dans les parcs en toute tranquillité et à ne pas être embêtés par des dealers. » Elle postule donc, avec succès, pour diriger le commissariat de La Courneuve- Dugny-Le Bourget. En fonction depuis le 2 septembre, Marie Danion concentre ses efforts sur deux priorités : les problèmes de délinquance qui subsistent dans le quartier des 4 000 et les problèmes d’insécurité qui règnent dans celui des Quatre-Routes. « Pour bannir les trafics en tout genre, notamment de cigarettes, de médicaments et de produits stupéfiants, qui remettent en question le vivre-ensemble, on va mettre en place de vrais partenariats avec la RATP, les diverses associations du secteur, la police municipale et les élus. » Pour l’ancienne escrimeuse, qui n’a pas vraiment digéré l’échec de sa qualification aux JO, c’est aussi une responsabilité très importante d’exercer son poste sur un site olympique. « Je suis très fière de pouvoir assurer la sécurité des athlètes et des spectateurs dans la plus grande compétition internationale ! »
Texte : Olivia Moulin ; Photo : Léa Desjours