L’adieu à Robespierre

Publiée le 7 mai 2019

L’adieu à Robespierre

Final collectif Random/barre Robespierre

Samedi 27 avril, les habitants se sont donné rendez-vous au pied de la barre Robespierre, bâtiment emblématique des 4000 dont la déconstruction démarrera en septembre prochain.

Même si la météo n’est pas vraiment de la partie — entre les rafales de vent et les gouttes de pluie — plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées pour partager un moment festif imaginé par le collectif Random. Ce dernier travaille depuis deux ans sur « Situation Robespierre, histoire et humeurs d’humains migrateurs », un  accompagnement artistique du projet de rénovation urbaine impulsé par la Ville, Plaine Commune et Plaine Commune Habitat. Une aventure imaginée spécifiquement pour le lieu et avec les gens qui y vivent.

Zineb Benzekri et David Picard, fondateurs du collectif, ont été les derniers à s’installer dans la barre. Leur objectif : être au plus près des locataires. Ils ont de semaine en semaine écouté et donné la parole aux habitants qui, au fil des relogements, quittaient l’immeuble. Ils ont imaginé des rituels d’aurevoir pour faire émerger des souvenirs heureux mais aussi l’amertume et la peur de l’ailleurs. Avec les enfants de l’école voisine, dans le cadre du programme d’éducation artistique et culturelle, le collectif a travaillé sur l’histoire des 4000. Les écoliers ont réalisé des interviews de personnalités pour reconstruire l’histoire, la comprendre et la partager. Et sont devenus des experts : en témoignent l’installation réalisée dans la cour de l’école où petits et grands sont invités à suivre un parcours sonore qui explique la naissance des 4000, les techniques de construction utilisées pour répondre aux besoins de logements, la joie des familles qui quittaient les bidonvilles et s’installaient dans un appartement avec une vraie salle de bain.

Final Robespierre Random

Les experts de Robespierre veulent aujourd’hui qu’un morceau de l’immeuble détruit puisse être exposé au musée national de l'Histoire de l’immigration, un témoignage de l’histoire de la ville comme l’a souligné le maire Gilles Poux dans son intervention : « Ce sont des vies entières qui ont été marquées par ces lieux, il est important de faire vivre cette mémoire pour qu’elle ne s’efface pas avec la démolition du bâtiment. »

Passage des possibles

Le collectif Random a cherché à donner la parole et à tisser des liens entre l’urbain et l’humain, entre le passé et l’avenir. Tout au long de l’après-midi, d’îlot en îlot, les anciens et tous les autres sont entrés dans le cœur de la barre, dans la mémoire des premiers résidents, dans leurs joies et leurs peines en laissant des messages pour l’avenir. Au fil du spectacle, les visages des habitants affichés sur la façade ont pris des couleurs, comme un nouveau départ, en même temps que des colombes se sont envolées.

L’émotion était présente dans les regards. Le quartier a changé et va changer, un nouvel horizon se dessine et c’est autour d’un méchoui mitonné par les habitants que s’est terminée cette journée. En septembre, les premiers engins de chantiers s’installeront. La barre sera démolie mais la mémoire, elle, sera bien présente.