À La Courneuve, l’offre de logements se diversifie afin de permettre aux Courneuvien-ne-s d’accéder à la propriété à moindre coût. L’outil principal : le prix du foncier. L’opération de Promogim au Carrefour du Chêne illustre bien cette évolution. Reste, une fois copropriétaire, à bien gérer son bien avec ses voisin-e-s.
On appelle ça le « parcours résidentiel » : le fait de passer progressivement du logement social au logement privé. C’est pourquoi, à La Courneuve, chaque nouvelle opération immobilière comprend désormais 60 % d’accession à la propriété classique, 10 % d’accession sociale à la propriété (voir plus loin cette notion) et 30 % de logements sociaux. Les Courneuvien-ne-s peuvent alors se poser la question : « Le prix de ces logements n’est-il pas trop élevé eu égard à mon niveau de revenu ? » La question suivante ne manque pas : « Les familles habitant hors de la ville ne deviennent-elles pas, de ce fait, prioritaires ? » Pour répondre à ces préoccupations, des outils ont été mis en place afin que les constructions neuves bénéficient à toutes et tous. Le premier outil consiste en la Convention qualité construction neuve (voir plus bas dans la page), remise à jour en mars 2019. Ce document prévoit que, pour pouvoir construire, les propriétaires fonciers respectent un plafond de prix. En clair, ils-elles sont incités à ne pas vendre leurs terrains au-dessus d’un prix plafond, prix qui varie selon les zones (voir carte). Pourquoi cette règle ? Parce que c’est le prix très élevé du foncier en petite couronne qui constitue la grande contrainte dans l’achat d’un logement.
Chaque nouvelle opération immobilière comprend 60 % d’accession à la propriété classique, 10 % d’accession sociale et 30 % de logements sociaux
Le second outil consiste à introduire dans les constructions neuves une part significative d’accession sociale à la propriété. Contrairement à l’accession classique, les acheteurs vont bénéficier d’un certain nombre d’avantages financiers, comme un prêt à taux zéro ou une exonération de taxe foncière. C’est le cas pour les opérations immobilières de la rue Maurice-Ravel aux 4000 Sud. Ces deux dispositifs ont permis que des foyers disposant par exemple de deux Smic puissent plus facilement accéder à la propriété privée. Le plus grand nombre d’acheteurs de logements est constitué par les Courneuvien-ne-s, pour un tiers exactement. Certain-e-s d’entre eux-elles ayant déménagé hors de la commune reviennent aussi y vivre par le biais d’un achat. Mais les promoteurs pourraient être tentés de rogner sur la qualité pour com- penser le moindre prix de vente. Or, au contraire, une attention particulière est portée dans les opérations à la taille de l’appartement, avec la volonté de privilégier les grands logements afin d’éviter que le dispositif soit détourné vers des opérations financières. Un « parcours » qui évite les embûches en somme.
La copropriété, ça s'apprend
Une chose est d’accéder à la propriété, une autre est de bien la gérer avec ses voisin-e-s. Plaine Commune a initié des ateliers afin d’aider les copropriétaires à mobiliser leurs compétences. On les oublie parfois un peu. Si la ville de La Courneuve comprend 53 % de logements sociaux, cela signifie que... 47 % du reste des logements est en habitat privé. Or, parmi eux, les copropriétés présentent une part importante. Celles-ci sont composées pour beaucoup de primo-accédant-e-s n’ayant pas l’habitude de gérer un bâtiment par le biais d’un conseil syndical. Plaine Commune, qui détient la compétence de l’habitat, a donc souhaité les accompagner dans leur rôle. Sous son égide, deux ateliers (gratuits) se sont tenus les 22 et 23 octobre à la Boutique des Quatre-Routes. Ces rencontres étaient animées par l’association L’Échappée des copropriétés, dont « l’objet est d’enclencher des dynamiques collectives en identifiant les besoins et en mettant les copropriétaires en situation », explique Camille Dériot, à la manœuvre lors de ces soirées. L’atelier du 22 octobre était destiné aux syndics bénévoles, le but étant de parler des possibilités d’une gestion directe par les copropriétaires et de trouver comment associer les autres propriétaires dans la gestion. L’atelier du 23 octobre avait lui pour objectif d’échanger entre copropriétaires sur la manière de concrétiser leurs actions : étapes dans le bon déroulement des projets, acteurs à associer, attentes vis-à-vis du syndic, etc. Une formation en chinois se déroulera le lundi 2 décembre à la Boutique des Quatre-Routes. Cette idée originale provient du constat qu’un grand nombre de copropriétés du quartier sont composées de personnes d’origine asiatique. Or, la gestion d’un immeuble diffère de manière importante entre la France et les pays d’origine. Une telle formation vise à lever la barrière de la langue pour expliquer ce qu’est une copropriété, le rôle d’un syndic, d’un conseil syndical, etc. La Ville-Monde se décline au plus près des habitant-e-s.
Focus sur le programme "Urban Parc"
Le programme «Urban Parc», au Carrefour du Chêne, constitue une illustration des possibilités de conduire une opération d’accession à la propriété qui profite à tou-te-s.
Le 2 octobre 2019, le programme « Urban Parc » de Promogim, situé au 50-52, rue Edgar-Quinet, était inauguré, moins d’un an après la livraison des 66 logements en accession à la propriété. L’emplacement est favorable, proche de la nouvelle école Rosenberg, du collège, mais aussi du parc Georges-Valbon. L’îlot est protégé de la circula- tion du Carrefour du Chêne, avec l’aménagement d’une cour intérieure qui sert aux jeux des enfants comme aux repas entre voisins. Mais, au-delà de ce cadre agréable, l’objectif de « parcours résidentiel » est-il atteint ? Avec 88 % d’occupant-e-s parmi les nouveaux propriétaires, soit 58 logements, le taux d’investisseur-euse-s qui louent les logements achetés est relativement faible. De plus, la volonté de privilégier les grands appartements pour éviter les opérations financières trouve ici son illustration : 43 logements comprennent plus de trois pièces... et deux des trois studios du programme « Urban Parc » ont été en effet achetés par des investisseur-euse-s. L’objectif de permettre à de jeunes ménages populaires d’accéder à la propriété est atteint, puisque presque deux tiers des acquéreurs sont des ouvriers ou des employés et que leur âge moyen est de 36 ans. En revanche, le souhait de favoriser les Courneuvien-ne-s n’est pas vraiment satisfait : seuls 8 d’entre eux ont acheté l’un des 58 logements occupés (13,8%). Mais cela constitue une exception par rapport au Mail de l’Hôtel de Ville (45%) ou aux Terrasses Boléro (38%). En revanche, 41,4% des occupant-e-s résidaient déjà sur Plaine Commune, attirés par des prix de logements neufs moins élevés à La Courneuve.
Textes : Nicolas Liébault
Convention Qualité Constructions neuves de Plaine Commune
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