Tisser des liens

Publiée le 3 nov. 2025

Tisser des liens

Zanka

Installée au mail de Fontenay, la compagnie artistique La Zankà organise des ateliers de création et d’échange avec les habitant·es pour accompagner le renouvellement urbain du secteur.

Entre deux coups de crochet, de ciseaux ou d’aiguilles , la parole par fois s’épanouit. Ce 17 octobre, lors de l’atelier tricot hebdomadaire qui se tient à la Maison des seniors Marcel-Paul, une adhérente raconte ainsi sa reconversion dans le ménage quand elle a repris le travail après s’être occupée de sa famille. « Je faisais du secrétariat au départ, mais à l’époque, c’était sans ordinateur. Il aurait fallu que je recommence tout à zéro ! Je ne pouvais pas. En plus, je me suis vite retrouvée seule avec mes quatre enfants. »

À ses côtés, les autres Courneuviennes présentes hochent la tête, partagent à leur tour des confidences profession-
nelles et personnelles, évoquent le poids du loyer quand on est retraité… Et Zineb Benzekri aussi les écoute attentivement et leur pose des questions.

Voilà un an que la fondatrice et directrice artistique de la compagnie La Zankà et d ’autres membres de son équipe interviennent auprès des habitant·es pour accompagner la démolition partielle du mail de Fontenay, surnommé le « dernier des géants », et le relogement. Ateliers de poterie, de couture et de peinture ou collecte de témoignages ont nourri un premier spectacle de restitution le 30 mai dernier, sur la place de la Fraternité. Un second aura lieu le 17 avril prochain, au même endroit. « On va fabriquer trois géants, un géant-usine pour parler de la culture ouvrière, un géant-métissage pour raconter l’arrivée de gens de cultures différentes et un géant-habitat pour aborder l’évolution du logement », explique Zineb Benzekri. Aux manettes, des enfants des écoles Paul-Langevin et des centres de loisirs Joséphine-Baker et Henri-Wallon, des jeunes de l’Espace jeunesse Aoua-Keïta, des adhérent·es de la Maison pour tous Aoua-Keïta… et des seniors de Marcel-Paul donc. « Pour l ’instant, je ne fais que couper du tissu violet, c’est déjà pas mal ! » plaisante Jocelyne, l’une d’entre elles, « pas du tout manuelle ». Pas question pour La Zankà de brusquer les contributions. « C’est la première fois que je viens ici, je me glisse dans l’existant et je n’impose rien, mais je parle du projet. Qui veut m’aider m’aide », explique la fondatrice de la compagnie en tissant une partie du mollet du géant de tissu avec une autre adhérente. N’empêche que plusieurs d’entre elles se demandent déjà avec intérêt comment faire une très grosse tête en crochet. Entre deux coups de crochet, de ciseaux ou d’aiguilles, les liens déjà se font. 

Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours